L'expérience en famille de la communauté

Un ancrage, une vérité qui fait avancer

Quelle chance Marion te t'avoir croisée

Partager ta joie vivre, toute ton humanité

Marina et Tessa ces quelques jours ensemble

A parler, manger, travailler, jouer ça rassemble

Un bus et de nouveaux volontaires

Et hop on découvre de nouveaux frères

Nos voisins du 49 Anicette et Xavier

Quelques jours ça suffit pour partager

Yeurt, cambodgien, futur paysan

De la culture au bokator

Sa timidité dépassée, il est vraiment fort

Comy notre érudit de la Baie d'Along

Curieuse volontaire d'apprendre tout le long

Nico, un personnage celui-la

Entre malchance et galère

Il les accumule partout où il va

Et enchaîne toujours les mêmes impairs

Kevin et Rebecca nos fermiers acadiens

Qu'on reverra au Canada pour poursuivre les liens

Alma et Viola, the Danish students

Un jolie duo de chanteuses étonnantes

Orhan et son apparente rigueur suisse allemande

Cache bien son jeu ce n'est pas une légende

Son humour pince sans rire

Nous a fait souvent sourire

Nous terminons par Mingh

Qui a su nous faire saliver nos babines

Wany et Kiet toujours présents

Curieux de voir nos fonctionnements

Et nous...apprendre d'eux

Leur langue et leur nourriture sous forme de jeux.

Bien-sûr un grand merci Darin Sovan Arun Olivier

Pour tous ces moments partagés

Cet apprentissage dans votre lieu de vie

De toutes ces rencontres à la permaculture

Qui ont été une belle transmission d'énergie

Pour notre famille et notre aventure

Ça restera des pépites jamais oubliées

Et mieux encore qui nous font continuer de rêver


La vie en communauté après quelques mois de vie à quatre nous a permis de vivre une nouvelle expérience. Apporter notre temps, du bénévolat et en retour bénéficier de connaissances, de la richesse des rencontres. Donner puis recevoir deux principes mécaniques de la Transmission. Rester plusieurs semaines à Organick Farm nous a permis de tisser des liens, aller plus loin que la rencontre d'un instant. Le nomade peut difficilement s'ancrer dans un lieu pour que la rencontre devienne relation. Le sédentaire lui en a l'occasion.


Il semblerait que notre roue libre se soit activée de nouveau en voyant dans chacune des rencontres un miroir qui réconforte dans les hauts et les bas du voyage. Organick Farm fut un ancrage pour la famille, les temps de partage constituent un chemin, un sillage.


Sans rencontre, sans relation, sans partage, sans lien, la Transmission humaine tournerait à vide pire elle contribuerait sans nul doute à notre perte.


La rencontre est à la fois une expérience, un événement, une aventure avec ce que cela comporte de doutes et de certitudes, de risque et de chance. La transmission semble trouver son énergie, son essence dans la rencontre. C’est une action au jour le jour avec son lots d’événements heureux ou malheureux : circonstances, occasions, imprévus, contretemps, coïncidences…qui sèment sur notre route des situations des moments de vie qui dessinent peu à peu notre existence…


La rencontre n’est pas un savoir, elle ne s’apprend pas à l’école ou dans les manuels. Et pourtant si elle est au cœur de toute la Transmission c’est qu'elle parle forcément de soi, de notre intimité, de notre intériorité... C'est bien elle qui nous lie, nous "huni" et nous rend Hu/main.


Pourquoi sommes nous constitués pour

rencontrer ?


Pourquoi avons besoin de l’autre, des autres pour exister ?


Pourquoi l’autre peut il être source de réconfort, de bien être ou à l'inverse peut se révéler être une menace pour notre intériorité ?


Y a t-il des conditions favorables à la rencontres ?


Faut il éprouver la solitude pour partager la rencontre ?


Pourquoi la rencontre et la solitude sont elles si étroitement liées ?



La solitude : condition de la rencontre.


L'arrivée au Cambodge, une première

Au petit matin un passage de frontière

Ce croisement de gauche à droite

Qui s'est fait de manière maladroite

A été pour nos yeux un vrai spectacle

Tout cela au final sans obstacle

Sissophon 1ère rencontre à la piscine

D'une adorable cambodgienne Darin

Après 3 semaines avec les volontaires

Qu'on a recroisé pour trinquer une bière

Sur battambang pour fêter Noël

Avec notre hamburger cocktail

Rencontre des Cousdeck

Une famille alsacienne impec

Avec qui nous avons échangé

Sur nos façons de voyager

Et bíen plus encore

Sur tout ce que l'on adore

Les enfants ont pu jouer

En s'amusant dans la piscine à sauter

Passer du temps ensemble à créer

Pour pouvoir dans la chambre décorer

Finalement c'était Noël quand même

Un petit sapin pour être dans le thème


25 décembre, nous passons Noël, tous les 4 avec une famille Alsacienne. Julien, Violaine, Loéline et Elouan en voyage durant 3 mois en Asie partagent avec nous les bords de la piscine de la Guest house. Les enfants jouent ensemble, les parents échangent sur leur périples, l'école, le boulot, la France, les projets futurs. Le temps s'arrête, la rencontre opère. Ils nous parlent de leurs déplacements en sac à dos, nous leur parlons de notre expérience du vélo. Ils nous expliquent qu'ils auraient souhaité partir en vélo, nous constatons peu à peu les avantages du sac à dos...

D'un coté, les enfants éprouvent un sentiment étrange de solitude, esseulés des proches, de l'autre un sentiment de vivre une nouveauté, faire de nouvelles rencontres.


En quoi la solitude et la rencontre sont elles liées ?


Dès la naissance le bébé qui se réveille et qui réclame son biberon et qui, sachant qu'il arrivera dès que possible, profite de l'attente pour découvrir son corps, regarder son mobile accroché au plafond…de cette façon il se crée un monde psychique interne. S'appuyant sur ses ressources, il expérimente le plaisir d’être avec lui-même, éprouve l'attente et la solitude. Il acquiert peu à peu de la confiance en lui. L'attente, la solitude constituent une condition de liberté. Cette découverte, cet apprentissage est un fondement pour la rencontre.

Peu à peu l'enfant découvre l'accès à son langage intérieur. Il lui permet de formuler des demandes, nommer ses émotions, mettre des mots sur le monde qui l'entoure. Tout ce langage interne s'opère dans le silence, sans bruit, dans la solitude. Cette construction est essentielle puisque c'est elle qui nous relie à l'extérieur : "Nous sommes ce que nous pensons"


La famille est donc le premier groupe que rencontre l'enfant : il y fait l'expérience du rapport aux autres et y construit son identité. Les parents constituent les premières relations. La complexité de la parentalité réside dans ce paradoxe d'éducation : protéger/sécuriser et permettre/rendre autonome.

Dès lors, l'enfant et surtout l'adolescent voient les parents comme une figure ambivalente. Tantôt positive, l'adolescent est sécurisé, les parents renvoient un cadre sécure et le jeune adhère. Il peut aussi partager des liens plus larges, avec les grands parents, oncles... qui permettent à l'enfant de s'épanouir et de s'enrichir au contact d'autres univers. Dans cette dynamique les liens l'ouvrent sur le monde.

Mais, à l'inverse ils vivront parfois un visage plus négatif de la famille : rejet, saturation...

L'énergie est moins portée sur l'envol, les liens peuvent l'enfermer.

Néanmoins, les conflits et les tensions doivent être vécues comme une étape nécessaire dans la construction de l'identité et de l'accès à l'autonomie.

Finalement, l'adolescent comprendra que se détacher des liens lui permettra la conquête de l'autonomie.


En fait, dans toutes ces rencontres, ces relations, c'est le langage qui joue un rôle essentiel. Le langage intérieur permet d'exprimer les sentiments ressentis par un individu. La famille est le lieu où l'enfant apprend à dialoguer intérieurement puis à se faire entendre.


Premier principe mécanique de la courroie de Transmission :

Vivre la solitude comme une rencontre apaisée avec soi même est une condition pour vivre la rencontre et fonder une relation juste et vraie avec l'autre axée sur le langage.



L'écoute, l'observation et la rencontre :


Le soleil se lève à l'horizon

Les berges envahies de pollution

Les vélos chargés sur l'embarcation

Nous embarquons avec cette horrible vision

Nous observons au fil de l'eau

Le sentiment d'un monde nouveau

Ici sur les flots vivent toute l'année

Des familles sur des maisons surélevées

Sans aucun bruit, sur la rivière

Un décor unique un mystère

Nous écoutons nous observons intérieurement

La rencontre magique avec ses habitants

Qui nous saluent de leur village flottant

Une rencontre discrète voire secrète

Un regard qui se croise le bateau s'arrête

Une petite pause le temps d'un repas

Nous repartons voguer sur le Ton Le Sa

À l'arrivée alors que nous sortions

Sous 40 degrés nous perdons la Transmission

L'énergie et la courroie du fiston

Explosion, pétage de plombs

Respiration méditation introspection

Nous nous posons, nous nous rencontrons

Puis finalement en vélo nous repartons...


Le 28 décembre, nous partons avec nos vélos les sacoches remplies d'énergies. Tôt le matin, nous chargeons nos montures sur le bateau pour y remonter la rivière. Cap vers le Ton Le Sa, la plus grande étendue d'eau d'Asie du Sud.

La balade dure environ 7h, nous découvrons les villages flottants. Comment des hommes et des femmes peuvent ils vivre sur l'eau toute l'année ?

Le voyage est stupéfiant, on y découvre un monde inconnu.

Durant la traversée, nous rencontrons une nouvelle famille. Les enfants ont les mêmes âges que Thao et Mila. Originaires du Mans, ils voyagent durant un an, parcourent l'Asie du Sud.

Leurs filles nous racontent les découvertes : trek, plongée, volcan...

Thao et Mila écoutent leurs récits avec attention.

Nos enfants ont vécu autre chose : du vélo, un mois dans une ferme organique, les montagnes du nord.

Nous constatons à l'écoute de leurs réactions, à l'observation de leurs visages que les plages se font attendre.

A la sortie du bateau, la famille Mancelle prend ses sacs à dos et filent sur Siem Reap en moto.

A la sortie du bateau, nous déchargeons nos 200 Kilos, préparons nos vélos et sous 40 degrés, perdons le moral de Thao. Il faudra du temps, de l'écoute...


Nous faisons tous les deux des métiers de rencontre et d'écoute. L’accompagnent des enfants et la relation école/famille avec les parents sont autant de rencontres qui nous ont fait avancer, douter, rigoler et quelques fois pleurer. Toutes ces rencontres ne se font pas toujours au premier regard. Dans certains cas, il faut prendre le temps, et se voir plusieurs fois, accepter que rien ne se passe, avoir le sentiment de piétiner, ne pas se laisser aller à l'impatience, rester disponible, prendre son temps et en donner à l'autre, rester à l'écoute.


Le manque d’écoute représente sans doute l'une des plus grandes faillites dans notre société. Dans un monde ultraconnecté plus on communique moins on écoute…Rien ne peu exister sans cet espace d’écoute si particulier. La rencontre agit sur la Transmission si l’écoute ne reste pas sur le récit des faits mais plutôt se recentre ou se décale pour entendre ce que l'autre essaie de dire.


Dès lors, nous pouvons communiquer, mais partage-t-on, se comprend-on réellement ? Se rejoint-on ?


Peut être parvenons-nous à se rencontrer sans réellement se comprendre ?


Comment fonctionne cette écoute si particulière qui permet de rejoindre l'autre dans sa réalité ?


Ecouter l’autre, dès lors qu’il y a relation humaine repose sur l'accès au langage et de sa compréhension : il ne s’agit pas uniquement d’entendre avec notre sens auditif les mots prononcés, mais d’identifier, de comprendre ce qui est dit. C’est là que les difficultés commencent : lorsque quelqu’un dit des mots, et qui de ce fait en détermine le sens, il implique à celui en face d’entrer en contact avec lui. Ce contact s'effectue d'un monde intérieur à l'autre.


Or, Le premier réflexe, confronté à cette immense inconnue qu’est l’autre, consiste à se raccrocher à ce que l’on possède, soit nos connaissances et références propres, nos représentations. Cela parait normal, mais c’est pourtant là le piège. L’on peut devenir très empathique, atteindre une certaine justesse d'écoute, mais chaque fois que nous plongeons dans nos pensées, nous nous éloignons de ce dont nous pensons nous occuper : l’autre et sa réalité unique.

En d’autres termes, nous sommes à ce moment trop préoccupé par notre propre recherche de compréhension pour être véritablement disponible à l’écoute de la personne. Nos idées divaguent, notre pensée s'égare pour aller quelques fois "dans la lune"....A cet instant, nous ne nous rencontrons plus... Nous sommes centrés sur nous-même, et de part cet effort, il ne nous reste que peu de disponibilité à l’autre, donc peu de chance de pouvoir l’entendre dans toute sa complexité.


Nous avons là une exigence fondamentale de l’écoute : elle demande avant toute chose une attention libre, une disponibilité à recevoir, à laisser venir à soi. Cela demande un certain lâcher prise...qui demande un effort et du temps...


Second Principe mécanique de courroie la courroie de Transmission :

Il faut faire silence dans sa pensée si l’on veut écouter l’autre de manière à l’entendre.

Faire silence dans sa pensée nous renvoie à notre propre solitude évoquée plus haut....et....c'est bien elle qui nous permet La Rencontre.



La rencontre : de l'impression au malentendu.


Sur Siem Reap on a eu la chance

D'être chez Davy et Vincent

Ces deux là avec qui on a fait connaissance

Avec leur tempérament très apaisant

Découverte de restos, spécialités

Lieux, jeux et de vie en collectivité

Avec Bastien, Tom et Caro

Qu'on a découvert à la ferme en trio

Petite semaine passée avec Tom et sa famille

Jusqu'à fêter le passage à la nouvelle année

Une soirée à pub street ou tout brille

Où tout le monde sur la piste s'est enflammé

Enfin surtout le frère de Tom Sacha

Qui sous les yeux de ses parents se lâcha

Une soirée de 31 plutôt magique

Où on a fait marcher nos zygomatiques

Visite ensemble des temples d'Angkor

80 kms en TUK TUK

Randonnée dans un sacré décor

Au retour c'était un peu le souk

Soirée crêpes et histoires drôles

Nos enfants les connaissent par cœur

Ils ont désormais chacun leur rôle

Pour les raconter en bon amateur


Le 28 décembre toujours. Il est 17h30, après avoir entendu, du moins nous l'espérons, les besoins de Thao à la sortie du bateau....nous arrivons dans les rues de Siem Reap. La remontée en vélo fut agréable.

On passe récupérer nos passeport qui étaient partis à Pnonh Penh pour une extension de visa d'un mois. En fin de soirée nous arrivons chez Davy et Vincent que nous avions croisés à Organick Farm. Ils vivent en collocation dans une très grande maison avec Caro, Thom et Bastien. L'accueil de Davy et Vincent est très touchant. Ils nous proposent de nous installer dans une chambre. La rencontre est calme, sereine, apaisée, il s'y dégage une force tranquille. On est bien. Le confort d'un accueil chaleureux dans une maison. Thao et Mila se posent. Nous nous posons plusieurs jours. Le lendemain, la famille de Thom vient passer le passage en 2018 à Siem Reap. 4 frères plein d'énergie se rejoignent après plusieurs mois. Marin, Sacha, Léo et Thom et leurs parents se retrouvent dans une joie communicative... Nous visitons ensemble les temples d'Angkor et célébrons comme il se doit dans une soirée mémorable la nuit du 31 au 1er. Les rencontres activent la courroie de Transmission. L'énergie se libère.

Les enfants sont disponibles, plus à l'écoute, nous aussi. On profite de ce temps pour échanger sur les malentendus que nous procurent le voyage. Quels sont nos besoins ? Que souhaitons nous ? D'où viennent nos éventuelles tensions ? Thao explique que le vélo en Asie est devenu pesant pour les nerfs et non pour les muscles. Mila moins bavarde lorsqu'il s'agit de parler des émotions explique que tout va bien. Pourquoi pas poursuivre en vélo ou bien en sac à dos.

Pour nous parents, le vélo tient moins ses promesses qu'au début du voyage. Le temps du vélo n'est pas celui du visa d'un mois. Traverser un pays en 30 jours en vélo permet moins de se poser, il implique un rythme que nous ne souhaitons plus nous imposer. Le désir de changer, voyager plus léger, gagner en rapidité, ne pas être frustré de louper des lieux classés... Prendre le temps de s'arrêter pour rencontrer.

Nous demandons à Davy et Vincent si nous pouvons laisser les vélos chez eux quelques mois, le voyage se poursuivra avec les sacs à dos.

Dans les relations, notamment en famille, s'arrêter sur les malentendus, les incompréhensions permet sans nul doute à nouveau la rencontre et de nouveaux départs...


Rencontrer donc, tout en s'arrêtant sur les malentendus...


Une rencontre est une accroche, un préalable à partir de quoi on peut se construire une histoire, écrire son histoire. A la manière d'un tirage photographique à l'argentique, elle est le révélateur dans lequel on trempe une feuille blanche ou se dessinera ensuite l’impression. C'est bien cela la rencontre : quelque chose qui impressionne et s'imprime en nous...Une rencontre n'est jamais neutre.


La rencontre est un moment dynamique, une oscillation entre un rapprochement, un lien et une distance, une cassure. D'un côté en établissant des comparaisons nous recherchons des similitudes, des ressemblances on comprend l'autre, il nous ressemble, il est comme nous. Ça nous rassure, nous conforte ou réconforte.

D'un autre côté, toujours en établissant des comparaisons, nous pouvons ressentir des rupture des modifications, nous ne comprenons plus l'autre, on ne le supporte plus. Un rejet face à ce qui est vécu comme une menace pour notre identité. Ça nous contrarie, nous irrite ou fait perdre confiance.

Entre rapprochement/éloignement, compréhension/incompréhension, amour/haine la rencontre porte en elle une ambivalence fondamentale et nécessite un ajustement permanent...


La rencontre ne se fabrique pas, elle s’écrit sans nous. Elle ne se construit pas, elle s'impose à nous. Dans tous les cas, elle est un mystère une énigme...


Les rencontres sont-elles des coïncidences ?


N'est ce pas soi que l'on découvre dans l’autre, soi et toujours soi ?


Les rencontres ne sont elles pas destinées à nous faire évoluer, à nous encourager à aller explorer des territoires sur lesquels on avait pas encore eu la curiosité de s'aventurer ?


Peut être même que l'on ne peut pas se rencontrer si l'on ne se comprend pas ?


Il faut de l'incompréhensible, du doute, de l'interrogation, de l’inquiétude. La rencontre et le malentendu serait un binôme inséparable. Néanmoins, cela n’empêche pas de partager. On peut par exemple aimer une même œuvre d'art, un même film, un même livre mais sans doute pas pour les mêmes raisons. Le malentendu sera toujours là permanent. Ce malentendu est fondamental, il touche l'humain, c’est sa marque de fabrique. Il y a toujours quelque chose qui nous échappe qui manque…

Tant mieux, il nous faut du manque, de la solitude, du silence…

C’est de là que naît la surprise…l'autre nous fait vibrer et nous touche.

L’idée de la rencontre serait alors de s’étendre un peu sur le malentendu....de s'étendre un peu sur ce manque...pour mieux se comprendre...



Troisième principe mécanique de la courroie de Transmission :

La rencontre repose sur la communication de 2 mondes intérieurs. Cette communication repose sur des certitudes, des vérités et des malentendus, des manques. Se comprendre nécessite de combler les manques, nommer les malentendus, c'est le coeur de la rencontre.


Une rencontre : un double miroirs


De l'obscure souffrance...


Un simple lycée

Dès centaines d'enfants

S'y précipitaient pour aller à l'école

Des salles de classes autour d'un jardin

Difficile de saisir que des milliers de personnes

Ont été torturés ici, exécutés

La banalité du mal, horrifié

Des salles vides impossible à combler

Murs éraflés, tachés d'humidité

Portrait sidérant, photographié

Terrifié ou au contraire très apaisé

Déambulation très lente

dans ces salles angoissantes

Audio guide en écoute

Qui met nos émotions en déroute

3 ans d'horreur

Où régnait la terreur

Ce devoir de mémoire

pour ne pas oublier leur histoire

Celle des khmers

Qui se disent tous frères

Malgré la vie de misère

Que leur a fait vivre leurs tortionnaires...


Remuant, comme dirait caro c'est chaud !

Mais c'est important pour l'histoire de chacun

Aussi pour changer de programme le lendemain

Journée moto vers l'île de la soie

Passage chez une tisseuse pour qu'on voit

Ballade tout au bout de l'île

Jusqu'à tomber sur une plage subtile

Cabane en bois sur pilotis

En famille ou entre copain c'est leur sortie

Pique niquer au dessus de l'eau

Un karaoké en guise de cadeau

Ces quelques jours en compagnie

Du Duo Thom et Caro

Une cerise sur le gâteau

On en a tous les 4 été ravis

On a été très touché

De leur maturité et de leur complicité


Le S21 fut une rencontre douloureuse avec le passé proche du Cambodge. Les atrocités entre humains, on nous les enseigne, on nous les transmet comme un devoir de Transmission de mémoire pour dire aux générations futures : plus jamais ça !

L' Europe responsable des deux conflits mondialisés et des conflits coloniaux qui ont suivis peut parler aujourd'hui de son expérience. Elle ne peut pas en revanche faire la leçon. Devant de tels horreurs toujours la même question : Comment est ce possible ?

Comment la Rencontre entre humains peut elle tourner au carnage ?

Peut on tenter d'appréhender des comportements aussi violents ?

Difficile d'expliquer l'inentendable, l'insoutenable.

Un constat tout de même : Fondamentalement, il n'existe pas d'humain violent, il existe simplement des humains en souffrance.

La violence est une conséquence de la souffrance.

Au S21, Duch le directeur fut professeur de mathématiques dans les années 1960/70. Intellectuel, engagé politiquement, il envoya ses étudiants protester dans les rues contre le roi de l'époque. Cela lui valut 2 ans d'emprisonnement et quelques séances de tortures... des années de souffrance donc.

Lorsqu'il fut le maître à penser du S21, Duch recruta comme tortionnaires des gamins âgés de 17 / 18 ans sans parents. Des adolescents en pertes de re-pères, malléables, en souffrance près à opérer les pires atrocités sur 20 000 personnes : hommes, femmes, enfants....

Duch verra même passer dans son service, son institutrice pour qui, il vouait une profonde admiration... En 2012, lors de son procès il exprimera quelques remords, répétant sans cesse qu'il n'a fait qu'exécuter les ordres...

Rencontre avec l'horreur...

Le lendemain, nous passons la journée en scoot avec Caro et Thom. Une bouffée d'air. Déjeuner à la plage sur le Mekong avec les Khmers....super.


...A la lumière du bien être


Arrivée sur koh rong, île paradisiaque

Hébergement où il ne faut pas être maniaque

Mais vu la beauté de l'île on vit dehors

Profiter et rencontrer c'est quand on sort

On y a retrouvé comme prévu Nico

En compagnie de plusieurs "amigo"

Pilou, Anaïs et un autre Nico

Une rencontre sur un bateau

Sortie en mer, autour de l'île

Départ agité, vagues qui oscillent

Snorkelling puis fishing

Cette journée n'avait pas de timing

On a pris du bon temps

A discuter tout en nageant

D'échanger , de papoter

Dans cet endroit qui fait rêver

En observant le soleil se coucher

Prendre plaisir à se rencontrer

Sauter dans l'eau en pleine nuit

Pour y voir un phytoplancton inouï

Ce moment partagé était magique

Avec l'impression d'être dans un monde féérique

Ces quelques jours en leurs compagnies

Ont créé de réelles sympathies

Prendre plaisir à se retrouver

Pour continuer à partager


Quelques jours plus tard, nous descendons au sud, direction l'île de Korong avec ses plages de sable fin et son eau transparente. Nous y retrouvons Nico en compagnie de d'autres français avec qui nous faisons vite connaissance en partant une journée en bateau. Nicolas et Anaïs vivent à la Réunion. Elle est infirmière, il est menuisier. La Transmission fonctionne. La vie à la Réunion nous fait écho, on s'y projette comme dans un miroir.

Pilou voyage depuis quelques mois en Asie, a effectué du woofing au Canada. Nous partageons pleins de jolis moments, la tranquillité de Pilou est contagieuse. On devait rester 3 jours sur l'île on y restera finalement 10.


Pourquoi certaines personnes nous attirent et d'autres nous attirent moins ?


En quoi une rencontre est un double miroir ?


Dans quelles mesures les neurosciences peuvent elles nous éclairer sur le miroir de nos relations ?


Antonio Damasio (neuroscientifique) dans

"L'Autre moi-même : Les nouvelles cartes du cerveau, de la conscience et des émotions" et Giacomo Rizzolatti dans "les neurones miroirs" tentent d'appréhender la mécanique du cerveau lorsque que la courroie de Transmission est activée par la rencontre. On ne va pas détailler leurs découvertes ici mais voici en gros comment ça se passe :



"Les neurones miroirs sont une catégorie de neurones du cerveau qui présentent une activité aussi bien lorsqu'un individu exécute une action que lorsqu'il observe un autre individu exécuter la même action, ou même lorsqu'il imagine une telle action, d'où le terme miroir. En neurosciences cognitives, les neurones miroirs joueraient un rôle dans la cognition sociale, notamment dans l'apprentissage par imitation, mais aussi dans les processus affectifs, tels que l'empathie." (Merci Wiki)


Nous sommes donc tous des miroirs pour autrui, et nous pouvons apprendre à nous voir dans le reflet des autres personnes. C'est le miroir des relations qui à travers lui je découvre moi. C'est pour cette raison, que nourrir mes relations est l'activité la plus importante de mon existence. Quand je regarde autour de moi, tout ce que je vois est une expression de moi même.


Aussi, les rencontres, les relations sont des véritables situation d'apprentissage puisque si j'accède à l'autre, je progresse par voie de conséquence. Voyez le tissu de relation que nous avons autour de nous : parents, enfants, amis, collègues, relations sentimentales...

Toutes ces relations sont en fait des expériences spirituelles dans le sens où on voit communiquer deux esprits, deux modes de pensées, deux mondes intérieurs, deux fonctionnements neurologiques. Lorsque l'on est profondément amoureux, on éprouve un sentiment de force partagée, l'incertitude ne nous préoccupe pas, on se sent moins vulnérable, on se sent proche : C'est bien une expérience d'esprit à esprit ; une découverte spirituelle.


Néanmoins, ceux que nous aimons et ceux que nous repoussons sont, tous deux, nos miroirs.

Les études récentes tentent de montrer cette tendance :

Vers qui sommes nous attirés ? Vers des gens qui ont les mêmes traits de caractère que nous, mais en plus développés. Nous voulons être en leur compagnie parce qu'au niveau inconscient nous sentons que nous pourrons ainsi manifester davantage leurs tendances (nos neurones se font miroir...)

Qui sont celles ou ceux que nous repoussons ? Lorsque nous éprouvons un rejet pour certaines personnes, c'est qu'elles nous renvoient les traits de caractères que nous refusons de voir en nous mêmes (nos neurones là aussi se font miroir...)

Ainsi, si quelqu'un nous inspire une forte aversion, nous pouvons être sûr que nous partageons avec cette personne certains aspects de personnalité communs. Aspects que nous ne sommes pas disposés à accepter. Si nous n'étions pas ces traits de caractères ils ne nous contrarieraient pas...


Dans les relations parents enfants l'effet miroir est multiplié. Les réussites sont accueillis avec fierté, c'est mon enfant qui réussit et à travers lui le parent aussi.

Les échecs, les difficultés, les moments difficiles sont accueillis avec souffrance, c'est mon enfant qui échoue et à travers lui le parent aussi.

Cet attachement parental peut être source d'angoisse pour l'enfant.


Lorsque nous accueillons des parents pour faire le points sur la scolarité de leur enfant bien souvent les effets miroir sont puissants notamment quand la difficulté est présente. Et C'est normal ! Car à travers la scolarité de son enfant c'est toute la scolarité du parents qui est projeté dans le miroir intérieur.

Lorsque nous travaillons avec les parents, on travaille toujours avec l'enfant qui est en eux, c'est à dire avec l'image de l'enfant qu'ils pensent avoir été. L'enfance est à l'oeuvre tout au long de la vie, il est notre courroie Transmission pour aller revisiter nos rêves, nos conflits, nos drames...et notamment "nos chagrins d'école" comme dirait Pennac.

Dés qu'on parle "Ecole", les parents prennent peur car les rêves et les craintes de leur propre scolarité se rejouent alors. Ils souhaitent à leur enfant le meilleur : de la réussite et du bien être.

Mais, parfois, Ils cherchent surtout à réparer leurs propres désillusions en faisant peser sur leur enfant une obligations de réussite. A toi mon fils de réussir les études dont j'ai rêvé.

On voit aussi des parents pour qui l'école à été un calvaire, où ce lieu emprunt de mauvais souvenirs constituent des peurs qui se projettent sur l'enfant. Au moindre dérapage, le chagrin d'école de papa ou de maman ressort à la surface. Il arrive que l'enfant soit bien plus insécurisé par les émotions perturbatrices des parents que par la situation qui est en jeu sur la cour de récréation.

Aujourd'hui, pour de multiples raisons (pression sociale, précarité, isolement, exclusion....) les attentes parentales sont sans doute plus pressantes et chargées d'angoisse qu'autrefois. Il faut tout faire pour offrir à ses enfants les meilleures chances de réussite. Pas évident.

Avec ce procédé de double effet miroir, les enfants sont le prolongement de nous-mêmes et oui nous souhaitons qu'ils réussissent et aient tout pour être heureux.

Nous sommes fiers de leurs succès, mais comment réagissons-nous devant leurs échecs ?

Jusqu'à quel point acceptons nous les ratés, les manques, les déceptions ?

Qu'attendons-nous de nos enfants ?

A quelle conformité souhaitons nous les voir correspondre ?

Des questions miroirs qui reflètent nos parties lumineuses (nos pépites, nos trésors intérieurs ) et nos parties plus obscures (nos vieux cartons pourris, nos sacs à dos trop lourds à porter...)

Pas facile d'être parents !


Dans tous les cas, nous avons beaucoup à gagner en cessant la projection de nos propres angoisses sur nos enfants. Peut être faut il accepter dès le début qu'ils ne soient pas en adéquation avec nos rêves tout en projetant le meilleurs pour eux ?

Dans tous les cas, le langage est essentiel. "Comment identifier le doute avec certitude ?" disait Raymond Devos. Peut être en nommant les choses...car c'est rassurant...et bien souvent ça allège...


Quatrième principe mécanique de la courroie de Transmission :

A travers nos neurones miroirs, on serait attiré par les personnes ayant les mêmes traits de caractères que nous et on repousserait les personnes ayant nos penchants. En prendre conscience c'est se rencontrer soi et comprendre l'autre en limitant les émotions perturbatrices.

Comprendre les effets miroirs dans les projections positives ou négatives que les parents exercent sur leurs enfants permet de libérer la Transmission. On passe d'un transfert de pression (de stress, d'angoisses) à un transfert de créativité (de liberté, d'autonomie).



Construire et se construire à travers la rencontre


La rencontre avec nos frères khmers

En 2 mois on l'a découvert

Ils sont beaux et souriants

Ce qui les rend vraiment charmants

Ils vivent l'instant présent

Rien ne sert de programmer avant

Ils oublient la question au même moment

Leur devise : prendre le temps

Tout se fait ... mais, tranquillement

Surtout rester confiant

Et jamais d'attachement

Sauf à eux car ils sont attachants

Et un esprit très bienveillant

A travers eux on aimerait se voir

Regarder le futur sans trop s'émouvoir

Connaître l'enfer puis s'en sortir

Avoir le courage de comprendre le pire

Savoir se placer au dessus de l'histoire

Pour pouvoir l'intégrer sans en vouloir

Faire le choix de la créativité

Pour recréer du lien, de l'amitié


21 janvier, Kampot. Nous revenons de la plantation du poivre. Nous sommes sur le lit de l'hôtel. Sur la liseuse, Thao est plongé dans la vie d'Anne Frank et Mila est entrée dans les aventures de Dorothée au pays du magicien d'Oz.


Dans le Magicien oz, on retrouve l'histoire de la jeune Dorothée, qui, un soir de tornade, se

retrouve transportée de la ferme de son oncle et de sa tante au Kansas dans un pays extraordinaire : le Pays d'Oz. Dans ce pays magique, elle vit de nombreuses aventures auprès de compagnons de fortune rencontrés au court de son voyage pour retourner au Kansas : l'Epouvantail qui souhaite obtenir un cerveau pour ne plus être stupide, le Bûcheron en Fer Blanc qui souhaite récupérer un cœur pour apprécier la vie, et le Lion Poltron qui souhaite obtenir du courage pour devenir l'animal qu'il devrait être. Tous les quatre partent à la recherche du puissant mais terrible Magicien d'Oz qui aurait le pouvoir de leur donner ce qu'ils souhaitent. Le calme et l'insouciance de Dorothée au cours de son voyage nous fait penser à l'évolution de Mila au cours du sien. Au départ sur la défensive et un peu inquiète, Mila se laisse bercer par les rencontres, les relations, les découvertes. Cette sérénité retrouvée lui permet de profiter et de reparler de ces premières peurs : la séparation, la pauvreté, la saleté, les mauvaises odeurs....


Thao, de l'autre côté du lit, lit.

Le journal d'Anne Frank est avant tout la vie quotidienne de huit personnes qui essayent

de s'accommoder de leur sort. Ils sont obligés de vivre les uns sur les autres, ce qui ne se passe pas sans heurt ni friction. Anne ne supporte plus sa soeur, et les tensions avec ses parents sont visibles. Chacun a son tempérament, sa sensibilité et ces différents caractères ne s’accordent pas toujours harmonieusement. Anne Frank se fait la chroniqueuse des rencontres, détaille les relations ce huit clos dont elle n’était d'ailleurs pas l'élément le plus facile. A travers la lecture du journal, Thao transfert ce qui se joue dans la voyage : manque d'intimité, éloignement des copains, huit clos à 4. Thao explique que dormir avec sa soeur tout le temps est devenu pénible pour ne pas utiliser d'autres mots. Retrouver son espace, retrouver une intimité est devenu pour lui un besoin primaire. On le conçoit, on compare avec l'Asie où tout le monde dort dans la même pièce. Il répond, à juste titre, que ce n'est pas sa culture. Alors on tente une autre écoute et une autre explication, une nouvelle rencontre. C'est vrai, tu as raison Thao, dans notre culture, la chambre est un lieu important pour un enfant. Il s'y exprime, placarde sur les murs ses idoles ses supports d'identification, ses photos, ses dessins, ses petits bonheurs personnels. La chambre est un lieu d'intimité corporelle et d'expression intime de sa pensée. Un lieu possible de repli, de sécurité affective ou l'enfant et surtout l'ado se retrouve, se reflète. Il peut y pleurer ou y rire sans avoir le regard d'autrui...

Ce n'est pas un hasard si vers 5/6 ans les enfants commencent à mettre des petits mots sur la porte de chambre : sens interdit, interdiction d'entrer. Alors oui, il faut respecter cette intimité et les injonctions qui vont avec. Le voyage remet en cause les frontières intimes. Thao parvient à nommer cela, le langage lui permet d'exprimer ses émotions et cela semble libérateur. On écoute, on entend, mais pour l'intimité il faudra encore patienter...

Désolé Thao....

De son côté Anne Frank utilise l'écrit comme support de sa pensée. Le langage comme compréhension de ses émotions constitue un repère. Le besoin de parler à une amie est central, Kitty, son amie imaginaire en est l'expression.


Les rencontres construisent nos repères (ou nos re-pères). La communication à travers le langage est nécessaire pour les exprimer et les faire sien. Les repères sont essentiels, ils permettent de nager en eaux calmes et avancer, tenir en équilibre.

On a tous dans nos souvenirs d'enfants ou d'adolescents ce grand père, cet instit, ce prof, cet oncle, cette éducatrice, cette marraine, un ami qui à un moment à eut les mots un regard qui nous a fait vibrer intérieurement. Cette vibration juste et vraie agit comme un révélateur qui donne ou redonne confiance. On appelle cela une pépite ou un trésor intérieur. Cette rencontre permet de devenir autonome, gagner en liberté. Plus j'ai confiance en moi, plus je peux rencontrer l'autre.


La question : "qui suis je ?" interroge la capacité d'être seul et d'être seul avec les autres sans se fondre ni s'effondrer, sans se perdre dans la masse. Cette contradiction apparente est source d'angoisse à l'adolescence : angoisse de fusion et d'intrusion, d'être confondu avec l'autre et à l'inverse, l'angoisse de ne pas être vu, d'être abandonné.

Devant ce paradoxe deux choix :

- la créativité pour se redonner une valeur et réactiver la découverte de soi qu'elle soit artistique, littéraire, sportive...

- la destruction et l'autosabotage devant l'impuissance.

Être autonome ce n'est pas être libre de tout lien, mais être capable de créer de nouveaux liens sans ressentir d'emprise ni être dans une relation de dépendance.

La courroie doit se sentir libre de tourner tout en restant en sécurité dans son axe, c'est là l'horlogerie Suisse du mécanisme de Transmission. Une mécanique sensible donc.


On l'aura compris, tout cela se joue dans notre intériorité.


Notre esprit est actif, c'est sa nature, il saute sans cesse d'une pensée à une autre, d'une émotion à l'autre. Comme on l'a vu dans d'autres articles, la méditation (un outil parmi d'autres) a pour but d'arrêter de penser pendant un moment, d'attendre que le brouillard de la pensée se dissipe. L'objectif est bien de se libérer de nos pensées passivement et tranquillement, pour aller en sécurité vers la solitude, l'écoute du silence. Néanmoins, contrôler le torrent des pensées est difficile. Et aussi merveilleux que cela puisse paraître très peu d'entre nous accèdent vraiment à un état de silence et de calme intérieur (sauf peut être Maître Yoda et le Dalaï-lama ?).

Bien trop souvent nous polluons notre esprit. Nos pensées sont influencées par des facteurs extérieurs: soucis pour nos enfants, stress au travail, tensions entre amis, entre voisins, dans le couple, soucis d'argent...finissent par faire obstacle à notre développement personnel et nous nous trouvons dans la direction opposée à celle où nous voulions aller.

Pourtant revenir sans cesse à notre respiration et prendre conscience de nos dialogues internes sont les 2 meilleures façon de surmonter les tensions, faire face aux torrents de nos pensées. On a le droit de se poser sur la berge et de laisser nos pensées couler sans les suivre....

Lorsque le torrent nous semble dangereux nous avons toujours la possibilité d'être aider par "un professionnel de l'esprit, "un pro des pensées", "un expert de la rencontre" qui pourra nous aider à retrouver notre liberté en nous aidant à sortir la tête de l'eau.

Il en va de même avec nos enfants. Lorsqu'ils sont angoissés, prisonniers de leurs pensées et qu'ils n'ont plus le choix que la destruction et l'autosabotage devant l'impuissance, il faut les aider.


Dans la construction des principes mécaniques de la courroie de Transmission les parents, la famille semblent être une pièce maîtresse.

Malgré les évolutions sociales, légales, éducatives, économiques...de la famille occidentale, l'enfant est le véritable fondateur de la famille.

Philippe Meirieu met cependant en avant un bouleversement de taille : "Nous vivons, pour la première fois, dans une société où l'immense majorité des enfants qui viennent au monde sont des enfants désirés. Cela entraîne un renversement radical : jadis, la famille "faisait des enfants", aujourd'hui, c'est l'enfant qui fait la famille. En venant combler notre désir, l'enfant a changé de statut et est devenu notre maître : nous ne pouvons rien lui refuser, au risque de devenir de "mauvais parents"...


Plus que jamais donc : c'est bien la naissance de l'enfant, ou sa venue qui constitue le point de départ. Il n'est pas de famille sans enfant, et cet enfant à besoin d'histoires. Parmi elles, il en est une particulièrement importante : celles de la rencontre de ses parents.

Comment se sont ils rencontrés ?

Comment se sont ils aimés ?

Pour grandir et aller de l'avant, il est bon de savoir d'où l'on vient, ce qui nous origine, il importe de s'inscrire dans une Histoire qu'elle soit fiction ou réalité. Pour autant, cela n'empêche pas l'enfant plus tard de s'inventer une famille idéale. Il s'agit pour lui de prendre ses distances avec ses parents réels.

C'est ce que faisait Thao, lorsqu'il précisait il y a quelques mois, un peu en râlant qu'il ne fera pas vivre ça (le voyage) à ses propres enfants. Cette construction imaginaire, ces projections à l'adolescence préparent l'envol. C'est un moment structurant qui participe au développement psycho-affectif. Cette activité de projections vise à protéger les images parentales des désillusions inévitables qu'il ressent à leur égard...

Dès lors, prenons le comme un postulat de départ : les parents parfaits n'existent pas. S'ils existaient, ils seraient aseptisés, sans défauts, ils seraient presque dangereux...

Vive les parents moyens. Vive les parents qui ratent. Vive les parents qui doutent. Vive les "mauvais parents" qui disent non à leur enfant. Même les meilleurs parents du monde ne peuvent pas tout pour leur enfant...


Cinquième principe mécanique de la courroie de Transmission :

Savoir faire confiance. Ne pas trop les stresser avec nos angoisses. Laisser nos enfants conquérir le monde pour qu'ils puissent oser les rencontres...

Les laisser prendre leur envol sans rompre le lien, se quitter sans se déchirer : voilà la plus belle suite à donner à leur Histoire...



Écrire l'Histoire ne se fait pas sans rencontre de soi et de l'autre.

Écrire l'Histoire ne se fait pas sans Transmission.

Écrire l'Histoire ne se fait pas sans effort, sans peur, sans colère, sans tristesse, sans joie, sans imagination, sans solitude, sans écoute, sans créativité...pour s'inscrire dans le présent et envisager le futur avec confiance...


À Daniel Pennac de conclure :

"Écrire l'Histoire, c'est foutre la pagaille dans la Géographie."


A Édouard Baer le mot de la fin. Merci Pauline, on ne pouvait pas passer à côté du clin d'oeil :



Larouelibre, février 2018