Joie et tristesse : l'algorithme de la Transmission 


Un peu de pression 

Avant de prendre l'avion 

Trop de bagages 

Pour le décollage 

Problème résolu 

Bangkok attend notre venu 

Passage éclair sur Singapour 

Perdus entre la nuit et le jour

Arrivés 8h du matin

2h de sommeil enfin presque rien 

Douane, visas, bagages 

Et c'est parti pour le montage

3 heures interminables 

Qui à la fin deviennent très appréciables 

Sortir de l'aéroport 

Humide et chaud Que calor 

Trouver notre route 

Quand on ne voit que des autoroutes 

Passer sur un pont

Qui ne sert qu'aux piétons 

Se faire aider par des gens

Qui ont tous un sourire rayonnant 

Voir des militaires partout 

Et pour autant ressentir un calme fou

Une ville où abondent toutes sortes de véhicules 

On s'étonne mais tous cohabitent et y circulent

Le temps d'adaptation au climat et à la culture

Un peu de sommeil car le transit est un peu dur


1er novembre, Après 15h de vol, l'avion pose ses roues sur le tarmac de l'aéroport international de Bangkok. À la sortie du couloir d'embarquement, l'air chaud et humide nous accueille. Les visages sont fatigués, les corps engourdis, les esprits un peu perdus. Le regard des enfants est sombre. La fatigue, l'inquiétude, un mélange d’émotions, le décalage horaire, la distance donnent aux enfants l'envie de rentrer…Nous sommes à peine arrivés…


La séparation avec l'Europe rime avec tristesse pour Thao. Nous discutons, échangeons. « Je ne veux plus du voyage, je veux retourner au collège, je veux voir les copains et la famille ». Les vélos remontés nous rejoignons l'hôtel dans un chao organisé. Circulation dense, passage de passerelles avec ascension d’une trentaine de marches, rouler à gauche, nous retrouvons notre route dans un dédale de petits commerces, de motos et de voitures.

Le soir allongé sur notre lit climatisé, les certitudes laissent place aux doutes…


Que se passe t-il intérieurement lorsque nous nous éloignons de nos repères ?

Doit on rentrer vite à la maison pour répondre à la tristesse de la séparation ?

Comment fonctionne la tristesse ? Que veut elle nous dire ? Qu’apprend on avec elle ?

Dans quelles mesures le bien être nous fait il accéder aux certitudes, à la vérité, la justesse, la connaissance, la compréhension …. ? 

Comment les émotions perturbatrices et notamment la tristesse nous embarquent dans le doute, la séparation, le sentiment d'abandon, la méconnaissance, l’incompréhension… ?

Dans quelles mesures ces émotions si éloignées sont elles en réalité si proches ?


En traversant ces moments agités intérieurement, ces émotions qui perturbent, nous avons pensé avec les enfants à Riley dans Vice Versa. Ce dessin animé produit par Pixar se déroule une grande partie du film dans la tête d'une fille de 11 ans nommée Riley, avec cinq émotions Joie, Tristesse, Colère, Peur et Dégoût incarnées par des personnages qui aident Riley à la diriger dans son existence. 

Le film a des choses profondes à dire sur la nature de nos émotions et le fonctionnement de la Transmission neurologique. Il a été réalisé en étroite collaboration avec des chercheurs en psychologie cognitive et en neurosciences. Les messages fondamentaux du film sur les émotions sont en accord avec les dernières recherches scientifiques. 


Ces messages sont intelligemment intégrés dans Vice Versa, ce qui rend ce dessin animé très pédagogique pour petits et grands. Certaines des scènes sont propices à l'enseignement pour la salle de classe, la table du dîner, ou le voyage d'un an en vélo...


En s'appuyant sur Vice Versa on peut mettre en avant quelques principes essentiels de Transmission :

- Forcer le bonheur peut rendre malheureux...

- Le bonheur n'est pas seulement de la joie...

- La tristesse est vitale pour notre bien être…

- Verbaliser les émotions pour libérer la Transmission ….

- Échanger : la courroie de Transmission...


Ne pas forcer le bonheur 


Depuis le départ du voyage jusqu'en Grèce nous avons senti Thao à l'aise dans le voyage. Néanmoins, peut être faisait-il l’effort d’être joyeux pour ne pas nous vexer ? Peut être pensait-il que le voyage devait être une réussite et ainsi il se devait d’être heureux ? Pour faire plaisir Thao, à toujours fait en sorte que les choses se passent pour le mieux : aider dans les côtes les adultes à l’arrière, participer avec entrain aux tâches du quotidien…

Les 3 premiers mois furent plutôt fluides pour Thao. A l’inverse, pour Mila, le démarrage fut le temps des réglages pour appréhender les peurs notamment celles liées au temps et à l'espace. 

Depuis notre arrivée en Asie, Thao prend conscience qu'il rentre dans l'adolescence et un brin provocateur, il aime piquer dans les points faibles, se saisir des doutes et tester le cadre pour voir si les parents sont solides. Comme on l’évoquait dans d'autres articles, le voyage convoque les peurs projetées. Ces dernières s’enracinent dans l'enfance. Les programmes scolaires soulignent l'enjeu du collège en précisant que « l'adolescence, est l'âge où les possibles s'esquissent tandis que les premiers choix font naître la crainte d'un avenir dilué dans les sables ou à l'inverse pétrifié.»

Diluée ou pétrifiée, l'adolescence sert à revisiter l'enfance non pour solder les comptes mais pour remettre à jour ce qui est resté en suspens et qui pourrait risquer d'entraver l'envol…

Mila à l'inverse vit au jour le jour. Les peurs d'avant le départ semblent dépassées. Mila ne subit plus, elle est redevenue curieuse, elle pose des questions sur ce qu'il l'entoure, participe. Elle s'est appropriée le voyage.

June Gruber et ses collègues ont commencé à regarder les nuances de la quête du bonheur. Leurs découvertes remettent en question l'impératif «heureux-tout-le-temps» qui a probablement été imposé à beaucoup d'entre nous. La littérature du bonheur et du bien-être n'a jamais été aussi abondante....

Leurs recherches suggèrent que faire du bonheur un objectif explicite dans la vie peut en fait nous rendre malheureux. Plus les gens recherchent le bonheur, plus ils ont la chance de se fixer des normes très élevées de bonheur et se sentent déçus quand ils ne sont pas en mesure de respecter ces normes. 


Il n'est donc pas surprenant qu'essayer de se forcer à être heureuse n'aide en rien Riley à faire face aux tensions et aux transitions de sa vie. En fait, non seulement cette stratégie ne parvient pas à lui apporter du bonheur, mais elle semble également l'amener à se sentir isolée et fâchée avec ses parents, ce qui explique sa décision de fuir la maison.


Quelle est la voie la plus efficace vers le bonheur pour Riley et le reste d'entre nous? 

Donner la priorité à la positivité ne nécessite pas d'éviter ou de nier les sentiments négatifs ou les situations qui les provoquent. C'est une leçon émotionnelle cruciale pour Riley et sa famille quand Riley admet finalement que déménager à San Francisco a été dur pour elle. C’est cet aveu qui la rapproche de ses parents…

En avouant que le voyage était lourd à porter (loin des copains, loin de la famille, loin du confort…), Thao s'est sans nul doute allégé d'un poids...En se mettant plusieurs fois en colère, en pleur ou en mode blocage en début de voyage, Mila a clairement exprimé que ce projet n’était pas le sien. Nous l’avons entendu. Chemin faisant, kilomètres défilant, Mila aussi s'est peu à peu allégée… Tous ces échanges mêlés d’émotions diverses nous ont peut être aussi rapproché…

Ces 5 premiers mois nous ont permis de comprendre intellectuellement et émotionnellement que le voyage ne ressemble pas à des vacances qui se prolongent. L'accueil des émotions perturbatrices, leur compréhension et leur verbalisation constituent des temps essentiels pour continuer à pédaler et ne pas perdre l'équilibre...


Le bonheur n'est pas seulement de la joie.


Nous décidons de laisser nos vélos 

A eux aussi il leur faut du repos

Voyager en sac à dos

Profiter du nord du pays

Découvrir les éléphanteaux 

Les montagnes et cascades très jolies

A l'horizon à perte de vu des champs de riz


12 novembre, Chiang Mai, 3ème ville du pays au nord. Nous posons nos bagages dans une petite guest house à quelques euros la nuit. Nous y croisons une grande diversité de voyageurs de toutes les nationalités. Nous échangeons nos expériences. La tristesse est toujours présente chez les enfants notamment chez Thao. Dimanche matin, nous décidons de partir de bonne heure pour un trek avec les éléphants. C’était un souhait des enfants. Nous essayons de trouver un lieu hors des sentiers touristiques. A 1h30 au dessus Chiang Mai, nous arrivons dans un petit village en entrée de forêt qui propose aux gens de passer une journée avec les éléphants. L'approche est pédagogique, nous apprenons à les nourrir et les soigner. L’après midi nous partons avec 3 éléphants marcher en montagne. Le paysage est varié, la végétation abondante. Le rythme des pachydermes nous ramène à une lenteur tranquille. Nous arrivons à la rivière, le décor est parfait. Nous vivons un moment unique : la joie et le plaisir sont en première ligne. L' intensité du bonheur semble plus importante qu'auparavant. Pourquoi ? Peut être parce que la tristesse n'est pas loin...


Quand le film commence, l'émotion de Joie pilote les manettes de contrôles dans l'esprit de Riley. Son objectif principal est de s'assurer que Riley soit toujours heureuse. Mais à la fin du film, Joie apprend qu'il y a beaucoup, beaucoup plus à être heureux que d’être dans la positivité illimitée. En fait, lorsque Joie cède le contrôle à certaines de ses émotions, en particulier Tristesse, Riley semble atteindre une forme plus profonde de bonheur. 

Cela reflète la façon dont beaucoup de chercheurs en psychologie cognitive et en neurosciences voient le bonheur. Il y a une dizaine d'année, Antonio Damasio prouvait à l'aide des neurosciences la thèse du philosophe dans « Spinoza avait raison Joie et Tristesse le cerveau des émotions » que l'équilibre émotionnelle d’un individu repose sur la connaissance et reconnaissance de sa joie et de sa tristesse. 


Une étude plus récente a révélé que les personnes qui éprouvent une gamme riche d'émotions positives et négatives, ont une meilleure santé mentale. Les auteurs de cette étude suggèrent que le fait de ressentir une variété d'émotions spécifiques peut donner à une personne des informations plus détaillées sur une situation particulière, entraînant ainsi de meilleurs choix comportementaux et potentiellement un plus grand bien être. Tania Singer, neuroscientifique explique que les gens qui ne comprennent pas leurs émotions et leur propre état d'esprit montrent un manque d'activation des régions cérébrales liés à l'empathie notamment.

Dans un moment charnière du film, Riley se permet de ressentir de la tristesse, en plus de la peur et de la colère, à propos de son idée de fuir la maison. Par conséquent, elle décide de ne pas suivre son plan. Ce choix réunit Riley avec sa famille, lui donnant un sentiment plus profond de bonheur dans le confort qu'elle reçoit de ses parents, même si c'est mêlé de tristesse et de peur. 


Dans cette optique, les créateurs de Vice Versa ont fait un choix pertinent pour nommer le personnage de Joie au lieu de «Bonheur». En fin de compte, la joie n'est qu'un élément du bonheur. Et dans le bonheur, on peut vivre la tristesse, la colère, la peur, le dégoût...On pourrait même ajouter que dans le bonheur on doit vivre en toute conscience la tristesse, la colère, la peur, le dégoût…


La tristesse est vitale pour notre bien être.


Immersion dans une ferme une semaine 

C'était court mais une belle aubaine 

Sortir de notre zone de confort 

Ce n'est pas toujours le réconfort 

Mais au final une belle expérience 

Pour enrichir notre existence


15 novembre. Après 7 heures de bus nous arrivons à Thung Chang. A la sortie du bus, Sandot nous attend dans son 4X4, il est 19h, il fait nuit depuis une heure. Nous montons à l’arrière du véhicule, roulons quelques kilomètres sur le bitume avant d'emprunter une piste en terre qui s'engouffre dans la forêt. Arrivés dans la ferme, Ruben et Vanessa (deux volontaires portugais) nous montrent à la frontale notre hutte au milieu de la végétation. Nous échangeons rapidement sur l'organisation, demain matin levé 6h00. Les larmes aux yeux, nos enfants doutent. La séparation avec le confort rime avec tristesse : 

 « Mais il y a rien ici, y a pas moyen on s'en va, on ne reste pas ici… ».

« Je veux rentrer, en plus ici il y a plein de bêtes et des serpents »

« On va pas dormir juste dans une moustiquaire et le matin on mange que du riz… »

« Mais il y a personne ici. Il y a rien rien rien … »


Voir nos enfants tristes n'est jamais agréable. On a tendance à la rejeter ou ne pas la voir. Les adultes peuvent facilement dire «Ne pleure pas t'es grande » ou « Ne pleure pas t'es un garçon ». L’arrivée à l'arrière d'un 4x4 en pleine nuit, après s'être enfoncé en pleine jungle fut pour les enfants un moment complexe et pour nous un moment plutôt étrange. La rupture avec notre mode de vie (même si depuis quelques mois nous étions en itinérance) fut sans nul doute brutale. Face à l'émotion de nos enfants, on peut culpabiliser ou se sentir démuni et pourtant cette émotion est vitale. 

Au début du film, Joie admet qu'elle ne comprend pas ce qu'est la tristesse ou pourquoi elle est dans la tête de Riley. Elle n'est pas seule. À un moment ou à un autre, beaucoup d'entre nous se sont probablement demandé à quoi servait la tristesse dans nos vies. Elle sert à vivre les deuils, les séparations, les abandons. La tristesse se connecte profondément avec les gens et en cela c'est une composante essentielle du bonheur. C'est bien Tristesse qui aide Riley à faire de même. 

Vice versa montre à quel point les émotions difficiles comme la tristesse, la peur et la colère peuvent être extrêmement inconfortables pour les gens. C'est pourquoi beaucoup d'entre nous font tout leur possible pour les éviter. Mais dans le film, comme dans la vraie vie, toutes ces émotions servent un but fournissant un aperçu de nos environnements internes et externes de manière à nous aider à nous connecter aux autres, à éviter un danger, à nous remettre d'une séparation.


Nous avons bien conscience du rôle essentiel de l'adulte qui doit créer des environnements sûrs et confiants pour l’enfant. Dans la jungle nous nous questionnons : Sommes nous de bons parents ? Sommes nous en train de leur faire vivre des choses difficiles qui deviendront des traumatismes pour leurs futurs ? Nous décidons finalement de rester comme prévu une semaine. Nous réalisons aussi que manger du riz le matin et dormir en pleine forêt ne constituent pas des conditions si hostiles. Aussi, on comprend que l'espace sûr et confiant est à construire à l’intérieur plus qu'à l’extérieur afin que les enfants se sentent en sécurité lorsqu'ils demandent de l'aide s'ils se sentent tristes ou contrariés. Avec Ruben et Vanessa malgré notre anglais hésitant nous parvenons à échanger sur ces sujets. Vanessa est psychomotricienne à Lisbonne, juste diplômée, elle est avec Ruben son ami en formation d'un an en permaculture en Asie pour réfléchir, voir autre chose, prendre du recul. Le soir, nous partageons les idées, croisons nos réalités, évoquons la situation de nos pays à travers notre prisme commun : l'Europe. Riche d'enseignement.

Néanmoins, à cela nos enfants n'y participent pas. La barrière de la langue est trop haute. Le jour, malgré les divers travaux (culture, cuisine, construction et les temps d'instruction…) le temps a pu leur sembler long.

La tristesse, voire la colère des enfants leur ont permis d'exprimer leurs idéaux, leurs besoins. En écoutant nos enfants nous doutons et en même temps nous prenons conscience que l'accompagnement d'un enfant, d'un adolescent dans la Transmission est souvent penser à l'envers. La visée n'est pas tant d'amener un enfant à ce qu'on voudrait qu'il vive ou devienne mais plutôt de le rejoindre là où il est et de le découvrir dans la relation que l'on établit avec lui dans un contexte donné. Autrement dit, l'accompagnement n’est pas le fait d'imposer une visée idéale mais d’être attentif à l'idéal de l'enfant…


Ne pas retenir ses émotions…


Sortir de Bangkok en taxi

C'est un choix qu'on a pris

Arrivés à 10 kms de la frontière 

Il faisait encore clair

Pour réparer nos vélos 

On a vraiment eu très chaud

Chaine à l'envers, frein bloqué 

On a pas le choix il faut se casser....

Énergie de transit 

Humeur affaiblie

5h c'est l'heure du levé 

Pour pouvoir traverser

Arrivés à Poipet ville frontière 

Beaucoup d'odeurs encombrent l'air

Des embarcations toutes surprenantes

Défilent dans cette zone géante 

Changement de circulation 

On passe de la gauche à la droite

Sans aucune recommandation 

On s'impose de manière maladroite 

Recherchons le poste frontière 

Pour être en règle on sort nos affaires

Regarder, observer, reluquer

On tâtonne et continue à avancer

Puis stoppés par un policier

On remplît des papiers 

« C'est bon allez y passez »

Autant de stress cumulé 

Pour un passage rapidement validé 

La chance était avec nous

Ca ne sera pas le cas à tous les coups.

60 kms jusqu'à Sissophon 

Les bas côtés plutôt bons

Avec d'autres deux roues

Qui Transportent de tout 

Spectacle clownesque et acrobatique 

De voir autant de mécaniques

Venir distraire notre route

Sous un soleil digne d'un mois d'août 


29 novembre, dernière nuit en Thaïlande, nous dormons à quelques kilomètres de la frontière Cambodgienne. Nous sommes dans des bungalows séparés le long de la 2x2 qui mène à la frontière. Le trafic est dense. L'ambiance n'est ni idyllique ni idéale. Nous remettons le matériel en place. On s'assure que tout fonctionne. La roue arrière du tandem est bloquée. Après un diagnostic rapide, on comprend que le système de frein hydraulique est verrouillé. Les plaquettes de freins arrières sont figées. Après un démontage complet et une purge du système rien ne fonctionne. Après 2h de réparation, il fait noir, on abandonne. Demain on roulera sans frein. Nous rangeons le matériel et nous rejoignons les enfants. Sur le lit, Thao cogite le visage fermé. « Demain, je ne ferai pas de vélo ». Un plat de pâte et au lit, demain est un autre jour…

30 novembre. Passage de frontière. 6h30 le trafic est faible, il faut y aller. Thao est sur lit : « Non j'irai pas ! »

On explique que le visa expire, il faut quitter un pays que l'on a aimé et aller maintenant vers de nouveaux horizons.

Thao en larme explose de colère :

« Vous êtes les pires parents qui existent ! »

Nous remercions Thao qui a pu sortir sa colère et sa tristesse en version rock adolescent…(On n’était pas habitué…) Quelques minutes plus tard, Thao est sur son vélo. Une heure plus tard nous sommes à la frontière. Les tampons sur les visas nous filons sur les routes cambodgiennes le cœur un peu plus léger.

Le lendemain, Thao dans la piscine municipale de Sissophon fait sensation. Thao au milieu des cambodgiennes sent sur lui des regards chaleureux…rien de tel pour le moral...


Lorsque Joie tente d'empêcher Tristesse d'avoir une quelconque influence sur la psyché de Riley en dessinant un petit «cercle » à la craie et en demandant à Tristesse de rester à l'intérieur,

c'est drôle, mais les psychologues reconnaîtront que Joie se livre à un comportement à risque appelé «suppression émotionnelle.»

C’est une stratégie de régulation des émotions qui mène à l'anxiété voire à la dépression. Bien sûr, essayer de contenir la tristesse et lui refuser un rôle dans l'action se retourne finalement contre Joie, et par voie de conséquence contre Riley.


Vers la fin du film, Joie fait ce que certains chercheurs considèrent maintenant comme la méthode la plus saine pour travailler avec les émotions. Au lieu d'éviter ou de nier la Tristesse, Joie accepte la Tristesse pour ce qu'elle est, réalisant qu'elle est une partie importante de la vie émotionnelle de Riley…


Les experts en émotion appellent cela "embrasser" une émotion. Qu'est-ce que cela veut dire? Plutôt que de se laisser prendre dans le drame d'une réaction émotionnelle, une personne consciente observe l'émotion sans la juger comme la bonne ou la mauvaise façon de ressentir dans une situation donnée, créant un espace pour choisir une réponse saine. En effet, une étude en 2014 a révélé que les adolescents déprimés et les jeunes adultes qui adoptaient une approche consciente des dynamiques émotionnelles présentaient des niveaux inférieurs de dépression, d'anxiété, ainsi qu'une meilleure qualité de vie. 


Echanger : La rencontre comme courroie de Transmission


De Sisophon vers Svay Chek 

Une route de campagne impec

Une cinquantaine de kms pour arriver

Une chaussée plate sans aucun dénivelé 

Des sourires tout le long 

Vers 12h nous arrivons

Accueillis par Marina Tessa et Marion 

Qui nous font découvrir les environs 

Quelques jours passés avec elles

A aller au marché en tracteur poubelle

Pour manger des beignets de bananes

Au petit déjeuner, c'est chniagnm (excellent en khmer)

Darin et Olivier les proprio de la ferme

Arrivés dans l'apresm 

Nous ont tout expliqués 

La ferme et sa visée 

Qui n'est pas à cours de projets

Et espère un changement des mentalités 

Vivre au contact et à l’écoute de la nature

Tu te sens vivre dans un espace pur 

L’énergie et les convictions de ces 2 là 

S’implantent, germent, grandissent ici et là 

Au fil des semaines on s'y sent bien

Être là sans penser au lendemain 

Échanger, s'amuser, travailler

Goûter, écouter, observer

Rencontrer partager sentir créer 

Planter tailler construire arroser

Tous les jours, on apprend 

Ce qui rend le travail très intéressant 

Toujours de nouveaux volontaires 

Viennent recréer une nouvelle atmosphère 

1 jours, 10 jours et finalement 3 semaines 

Ces rencontres là sont de réelles aubaines

Marion, Quelle chance de t'avoir croisé,

toujours à fond, ton enthousiasme nous a touchés

L'expérience en famille de la communauté 

Un ancrage, une vérité qui fait avancer 

Un grand merci Darin Sovan Arun et Olivier

Pour tous ces moments partagés 

Des pépites qui vont nous accompagner

Et mieux encore qui nous font continuer de rêver 


Mardi 5 décembre, nous prenons la route vers le nord direction Svay chek au nord ouest du Cambodge. Nous avons rendez vous avec Olivier et Darin et leurs deux garçons dans leur ferme biologique. Olivier est originaire d'Angers et a quitté la France il y a plus de 15 ans. Darin est Cambodgienne la ferme est située à côté de son village. Arun et Sovan agés de 8 et 12 ans sont trilingues, tous parlent le Khmer, l'anglais en passant par le français. Après avoir vécu 10 ans en Thaïlande où ils ont travaillé dans l'hôtellerie les voilà de retour au Cambodge avec leur projet Organick Farm. Permaculture, Éco-tourisme, Formation intégrés dans une dynamique locale sont les axes principaux. Les volontaires qui viennent de tous les horizons donnent à ce lieu une ouverture sur le monde très intéressante. 

Les rencontres sont riches et variées. A notre arrivée, Marion l'institutrice (nékrou en khmer) d'Arun, Tessa étudiante en socio en Australie et Marina éducatrice en trip tour du monde nous accueillent. La langue française est de retour dans les conversations. Nos enfants retrouvent le plaisir de la communication avec d'autres : faire des blagues, poser des questions pour répondre à la curiosité, raconter ce que l'on a vu et vécu. Le va et vient des volontaires ou des voyageurs est quotidien. Le lendemain, Xavier et Anicette un couple de Cholet en tour du monde nous rejoignent pour 2 nuits. L’après midi, Nicolas de Paris, Koumi de Hanoï et Yoeurt de Siem Reap arrivent en mini bus pour un séjour volontaire de plusieurs semaines.

Malgré nos progrès, notre anglais encore approximatif nous limite dans les échanges. Ce qui est bien souvent frustrant. L'utilisation de notre langue natale nous permet à nouveau des échanges verbaux plus longs et plus variés. La Transmission pour nous se réactive…

Après quelques jours, Mila très à l'aise dans son statut de « woofeuse », explique aux nouveaux arrivants le fonctionnement de la ferme : tâches du quotidien, les différents lieux…Thao retrouve des adolescents de son âge. Le français se mélange à l'anglais. Les enfants passent du temps avec d'autres, échangent sur leurs vécus, leurs doutes sans que l'on soit à leurs côtés. Entendre en retour une autre voix(e) que celle des parents permet sans nul doute aux enfants de mieux comprendre, de mieux se comprendre. La Transmission pour eux aussi se réactive...


25 décembre, nous sommes depuis 3 jours à Battambang avant de remonter vers les temples d'Angkor. Nous profitons du wifi de la guest house pour communiquer avec nos familles réunies autour d'une même table.

Après s'être envoyé des bisous virtuels nous échangeons avec les enfants.

- Qu'est ce vous ressentez d'être loin de la famille le jour de Noël ?

- Ça fait bizarre. C'est un mélange.


D'un côté, la joie de la nouveauté d'un Noël pas comme les autres, de la découverte, de la rencontre...

De l'autre, la tristesse d'être loin de la famille, des racines, de ce que l'on connaît...


Les rencontres puis les relations que nous en faisons par la suite qu'elles soient intimes, professionnelles, amicales, familiales... constituent la courroie de Transmission avec ses moments de joie et de tristesse...



Larouelibre, décembre 2017.