On terminait l'article précédent sur la rencontre avec Pennac qui précisait "qu'écrire l'Histoire c'était mettre le bordel dans la Géographie..."


Le mot « histoire » vient du grec ancien historia, signifiant « enquête », « connaissance acquise par l'enquête », qui lui-même vient du terme hístōr signifiant « sagesse », « témoin » ou « juge ». L'histoire est l'étude et l'écriture des faits du passé des Hommes.

La géographie du grec ancien "d'écrire la terre" est une science qui a pour objet la description de la Terre et en particulier l'étude des phénomènes humains qui se produisent sur le globe.

Ainsi, dès que les Hommes naissent, partagent, rencontrent, échangent, inventent, créent, construisent, dominent, détruisent, tuent... la géographie d'un espace en est modifiée.


Depuis maintenant plusieurs mois en Asie, l'Histoire de la France coloniale est sous nos yeux : la Géographie des lieux en est empreinte.

Qu'est ce que la domination française de la fin du XIXème ? Comment s'est elle organisée pour diffuser son modèle au sein des colonies notamment à travers l'Ecole ? Comment cette France née sous la révolution industrielle a standardisé son Ecole pour exporter ses idées notamment au sein son empire colonial ?


L'histoire que nous vivons en famille impacte aussi notre géographie personnelle. Nos expériences modifient nos schémas de pensée ou viennent vérifier ceux que l'on pressentait déjà.

Après 8 mois quel bilan peut-on effectuer de l'instruction de nos enfants en famille ?

Quels sont les avantages ?

Quelles sont les limites ?

En échangeant avec des hommes et des femmes de différents pays comment au regard de L'Histoire de notre Ecole peut on rêver d'une autre géographie des savoirs ?


Au mois de mars, la venue des Pargeots au Laos dans un moment où nous étions en saturation gastrique fut un temps où nous avons pu réensemencer...

Comment la quinzaine nous a permis de relancer notre deuxième cerveau : Notre système digestif tout en activant le premier sur la cuisine de la Transmission ?

Le paysans bio au secours de L'Ecole industrialisée : Où comment concevoir une nouvelle gastronomie des savoirs ?

Karadoc en a l'eau à la bouche...


Le menu de ce 6ème article sur la Transmission est un peu plus acide que d'autres, avec quelques pointes d'amertume mais résolument optimiste. C'est vrai, on n'y est pas allé avec le dos de la cuillère en passant à la moulinette notre bonne vieille Ecole. On ne voulait pas mettre les pieds dans le plat ou remuer le couteau dans la plaie, mais comme on commence à avoir un peu de bouteille on préfère plutôt mettre les petits plats dans les grands...

Malgré toutes ces épices, on espère ce menu tout de même digeste.

Bon appétit.



Histoire géographie de la domination


Difficile de parler du Vietnam 

Notre passage a manqué d'âmes 

Trop rapide pour s'en imprégner 

Il aurait fallu pour cela s'immerger 

Un visa de 15 jours

Beaucoup trop court

Circuit qu'on s'est organisé 

Sur des endroits à visiter

Que des lieux touristiques 

Qui ne sont que trop peu authentiques 

Pas assez de temps 

Pour bien appréhender les gens

De 1er abord très autoritaires

Avec un physique assez sévère 

Finalement Plutôt pince sans rire 

Leur nonchalance devient sourire 

Les trajets en bus resteront épiques 

Pour prendre le vrai bus c'est tout un cirque

On nous a beaucoup parlé de leur cuisine

On n'a pas eu le temps de se lécher les babines...


29 janvier nous quittons le sud du Cambodge direction Saigon. Nous sommes pleins d'images en tête bercés par des films des années 90. Indochine et l'Amant notamment. « L’Amant », le film de Jean-Jacques Annaud, inspiré du roman de Marguerite Duras, met en pelicule de très belles scènes qui restituent Saigon, la perle d’Indochine des années 1920. D’autres séquences se déroulent dans le delta du Mékong. C’est à Sa Dec, où vécut Marguerite Duras, entre 1928 et 1931 qu’elle a puisé son inspiration pour son livre autobiographique.

19h30, après 12h de car, un passage de frontière, une visite médicale bidon où on nous prend la température moyennant un billet, nous sommes plongés dans la bouillonnante Saigon City. Musique dans tous les bars, filles de 14 ans en mini short sur genoux de vieux américains de 50 ans. Tours multi étages, grands magasins, constructions à tout va, nuage de scooters....mais oú sont les images de l'amant ?


Pourquoi avions nous espéré voir les images d'un Vietman qui appartient maintenant à l'histoire et plus à la géographie actuelle ?


Serait-on nostalgique des années de colonisation ?


Comment appréhender la géographie du Cambodge du Vietnam et du Laos au regard de son histoire ?


En quoi les principes de domination exercés par la France ou les États Unis sur ces territoires peuvent façonner des comportements, des cultures...?


L’histoire des liens entre la France et ce que l’on a appelé l’Indochine (Laos Cambodge Vietnam) commence au XVIIe siècle, lorsque des missionnaires jésuites atteignent l’Extrême-Orient. La France prend une importance capitale lorsque ces Jésuites, sous la direction de Mgr Pigeau, viennent soutenir les efforts d’unification de l’empereur d’Annam Gia Long. Celui-ci, appuyé par des conseillers militaires français, fut le premier unificateur du Vietnam et sa dynastie devait régner jusqu’en 1955.

Avec la révolution industrielle la France accède à la modernité. Les différentes expositions universelles (notamment celle de Paris) feront état de la supériorité des pays industrialisés sur le reste du monde. La France coloniale rayonne. Elle se voit comme un modèle à diffuser. Aujourd'hui au Cambodge, au Laos, le français est resté la langue de l'administration.

L'Ecole républicaine naît dans ce contexte industriel où la norme, le quantitatif et le compétitif sont en plein essor.

Prenons l'exemple du QI qui procède typiquement du règne de la norme et de la quantité. En 1904, Spearman psychologue anglais, découvre une corrélation significative entre les performances scolaires à travers les disciplines. Spearman voulut trouver le dénominateur commun à cette excellence scolaire qu'il nomma le "facteur G" pour "Général".

La notion de quotient intellectuel était née : la normalisation de l'intelligence aussi...

A cette époque les mesures de l'intelligence sont popularisée. On retrouve Galton qui établit une échelle pseudo scientifique aux capacités intellectuelles des peuples pour justifier entre autre la colonisation. Les peuples colonisés ont une intelligence moindre, dotons la République d'une Ecole exportable pour instruire tous ces sots (vocable de l'époque !)...


L'instruction Nationale de Jules Ferry cherche donc une école facilement exportable pour ses colonies et un canal de diffusion où l'on peut en métropole s'adresser à une même classe d'âge pour faire renaître le sentiment national et le dégoût de l'Allemagne pour récupérer l'Alsace et la Lorraine perdues en 1870.

On choisit donc une standardisation de l'école.

On est loin de L'Ecole humaniste des lumières...

Dans la restauration collective, la standardisation des repas permet de réaliser des économies d'échelles. Dans l'éducation cela permet de servir un grand nombre d'élèves avec le même menu partout en France et dans le monde.

Soyons clair : avec les tables bien droites, bien rangées face tableau, avec des plats non négociables contrôlés par une autorité, notre école fut pensée comme un menu standardisé de savoirs. Dans le cas de la France la vision de la IIIeme république laisse peu de doute : assurer la même expérience scolaire partout dans l'empire de Cayenne à Dakar en passant par Luang Prabang. L' Education Nationale a utilisé le concept avant Mc Do ou Starbucks dans l'objectif de standardiser un produit et de délivrer la même expérience au 4 coins du globe (mais sans le café et le hamburger frites). Aujourd'hui encore, les élèves de Cayenne apprennent la féodalité sans jamais n'avoir vu de château ou le système ferroviaire français en ignorant la forme d'un train.

L'école délivre des savoirs sans saveurs à la manière du modèle fast-food en utilisant une entrée par matières.

Il est encore temps plus d'un siècle après de remettre du plaisir au coeur de nos assiettes et au coeur de l'Ecole. On verra plus bas comment la Finlande est en train de créer une école sans programme, sans matière. Une idée à suivre ?

La mesure de l'intelligence quantitative du début du XXème siècle demeure un poids pour notre système. Il conditionne le prisme de la performance scolaire. Le problème ne vient pas des capacités réelles des élèves mais la définition que la société a faite de l'intelligence.

Le "facteur G", ou le QI sont des approches quantitatives de l'intelligence. Ces outils sont devenus des mesures pour le système scolaire.

Avec cette approche du quantitatif, l'école prétend aujourd'hui encore capter toute la vie, or c'est la vie qui contient l'école : pas l'inverse.

Depuis la révolution industrielle, l'école comme la société est devenue la vie notée. La vie notée est à la vraie vie ce que le cheval de bois est au vrai cheval. Vous pouvez avoir échoué à tous les examens sur le cheval de bois et exceller sur un vrai cheval par la suite, laissant loin derrière vous les premiers de la classe. Sous la IIIème république l'école française enseignait la nage au tabouret. On notait et évaluait les élèves sur leur capacité à produire et reproduire les bons gestes. De bons nageurs aériens pouvaient donner de piètres nageurs aquatiques ça va de soit...mais le problème étant l'inverse : de bon nageur aquatique pouvant donner de piètres nageurs au tabouret...et par voie de conséquence des élèves mal notés...

Voici un biais majeur du système. Si on limite notre vie à la vie notée, on n'aura une vie à dépendre de l'extérieur (évaluations, reconnaissance, non reconnaissance...) On aura vendu notre vrai cheval pour un cheval en bois.

La vie scolaire et la vie professionnelle sont notées, elles nous rendent conforme, nous classent nous rangent dans des boîtes. Pierre Rabhi illustre cela parfaitement : " ...et puis la grande proclamation de la modernité c'était que le progrès allait en quelques sortes libérer l'être humain. Mais moi, quand je prenais l'itinéraire d'un être humain dans la modernité je trouvais une série d'incarcérations, à tort ou à raison. De la maternelle à l'université, on est enfermés, on appelle ça un "bahut", tout le monde travaille dans des boîtes, des petites des grandes boîtes...Même pour aller s'amuser on va en boîte et bien sûr en prenant sa caisse... et puis vous avez la dernière boîte ou on stocke les vieux en attendant la dernière boîte que je vous laisse deviner. Voilà pourquoi je me pose la question : existe t il une vie avant la mort ? "


Sortir des boîtes, pour tester la liberté ?

Pas si facile mais ça vaut le coût d'essayer

Quelques mois sans ses repères

C'est étrange mais nécessaire

Pour continuer à avancer

Pour toujours cheminer

Pour essayer de se défaire

Des cases dans lesquelles il faut être pour plaire

Le voyage permet de vérifier

Et de toucher nos priorités

De se détacher des figures imposées

Dictées et écrites par nos sociétés

Les boîtes de Rahbi nous laissent songeurs...

Le voyage en famille nous à fait sortir de certaines. La première c'est la boîte physique, corporelle. L'homme est-il fait pour vivre plus dehors que dedans ? En découvrant une année sans hiver, sans salle de classe, la Transmission à l'air libre change notre rapport aux sens. La vue, l'odorat, le touché, le goût, l'ouïe sont en éveil...l'expérience du sensible en est modifiée. L'apprentissage s'intègre par les sens.

Un rapport récent montre que certains élèves sortent moins dehors que certains détenus des prisons françaises. Fait on de l'élevage de savoirs hors sol sans le savoir ? Quel serait un élevage de savoirs en pleine air ?

Le voyage en famille nous permet d'apprendre au contact de la vraie vie. La rencontre d' hommes, de femmes, de paysages naturels, d'autres transformés par l'humain, la découverte des êtres vivants en liberté ou menacés...sont autant d'expériences directes sans le filtre d'un manuel ou d'un média. L'observation devient un savoir en construction. La conceptualisation permet à l'enfant de nommer ce qu'il entoure. C'est lui via l'expérience qui se crée ses schémas de pensée pour penser.

Apprendre la complexité de l'existence par le voyage n'est peut être pas la vraie vie.

Mais apprendre la complexité de l'existence avec des matières organisées dans des manuels de façon encyclopédique n'est sans doute pas la vraie vie non plus. Et si il existait une vérité entre les deux...


Gastronomie de la Transmission :


Du 2 au 11 février, toute la remontée du Vietnam s'est effectuée en bus de nuit. C'est une expérience originale où assimilés à de la marchandise nous sommes régulièrement déposés sur des trottoirs à 5h du matin ou sur l'autoroute sous un pont. Le Vietnam donne ce sentiment d'être en pleine accélération. C'est sans nul doute devenu le pays le moins zen de l'Asie du sud Est. Accéder le plus rapidement possible à l'idée de la modernité : bétonisation du littoral, étalement urbain, urbanisation, tourisme de masse (pour les Russes) flexibilité, rentabilité. Un pays communiste, capitalisé et mondialisé. La standardisation est lancée.

12 février, nous partons de Hanoï direction le nord du Laos. Nous atterissons à Luang Prabang. La ville est classée au patrimoine mondial de l'UNESCO pour son passé colonial.

Des rues avec des maisons blanches et des fenêtres à colombages. Les gens trouvent ça beaux. C'est les vacances scolaires, beaucoup de français sont présents, la ville attire chaque année de nombreux touristes qui viennent voir la Géographie des vestiges de notre Histoire. On nous explique que les français adorent ça. Nous, on aime pas. En fait, on n'arrive pas à être fier d'être français devant la colonisation.

Après un bref passage on prend la direction des montagnes à la recherche d'authenticité.

Nous nous posons à Nong Khiaw près de la rivière. Randonnée, sortie VTT, on prend le temps de se poser après s'être beaucoup déplacé. Un soir après un repas indien, Mila ne se sent pas bien. Le système digestif se vide, l'appétit se stoppe. Ça va durer plusieurs jours. Les parents vont emboîter le pas. On sature d'une monotonie de l'alimentation en Asie. Notre estomac veut du nouveau, de la variété, de la simplicité. La friture a fini par nous écoeurer.

Tous les 4, on se met à rêver de nouveautés.

Thao s'imagine des brioches grillées chocolatées, des biscottes avec du beurre salé, Mila nous décrit une escalope de dinde panée avec des petites pommes de terre nouvelles, nous rêvons tous les deux de légumes du jardin avec une viande grillée accompagnée d'un bon vin...


Afin nourrir notre propos, imaginons maintenant qu'un chef étoilé prépare le repas avec raffinement, en quantité, dans un cadre idyllique... Cerise sur le gâteau : on a très faim. On pourrait appeler cela le paradis.

Mais, le chef étoilé nous explique d'une voix dominante et autoritaire : "vous devez absolument tout manger. Chaque assiette que vous laisserez vous sera facturée le triple. Si il reste trop d'assiettes, vous serez stigmatisés, on vous jugera pour votre manque. Dépêchez vous ! Vous avez une heure. Je ne veux aucun commentaire, d'autres l'on fait !"

Là, nous ne sommes plus au paradis mais en enfer...et pourtant le buffet n'a pas changé. On a juste modifié la règle du jeu du repas rêvé.


Un élève qui entre à l'école curieux, sensible, avec l'appétit d'apprendre peut se retrouver rapidement dans l'enfer de la quantité de savoirs à ingurgiter. Il peut mettre de la bonne volonté, rapidement, il finira de toute façon par ne plus savoir ce qu'il mange.

Comme une appellation d'origine contrôlée nous appelons notre école : "L'école traditionnelle". Néanmoins elle n'a rien de traditionnel, rien de naturel mettant à l'écart les principes de Transmission, elle est industrielle.

Les premiers transmetteurs : Socrate, Platon, Vinci...n'enseignaient pas ainsi. Ils pratiquaient la règle des 3 tiers. L'enseignement humaniste reposait sur 1/3 du temps éveillé avec vous même, 1/3 du temps avec quelqu'un qui peut vous enseigner quelque chose, 1/3 du temps avec quelqu'un à qui vous pouvez enseigner à votre tour.

Issue de la révolution industrielle notre éducation est basée sur la pensée de l'usine et sa verticalité est la norme. L'individu se voit passer 100% de son temps avec quelqu'un qui va lui enseigner les savoirs.

Dans l'industrialisation de la Transmission nous avons perdu le goût : pas de créativité, pas d'intuition, pas d'amours des savoirs, pas de retour sur soi, pas de partage de connaissance. La conformité avant toute chose.

Dans l'industrialisation de la Transmission il y a un programme à avaler et il faudra l'avaler au rythme des circulaires et des instructions officielles. Dans cette entreprise, l'appétit des élèves est indifférent, l'école n'est pas conçue dans ses fondements pour le stimuler. Dans cette entreprise, tout retard d'absorption standardisée sera sanctionné par une année supplémentaire avec le même menu. Dans cette entreprise, l'appétit initial se voit bien souvent remplacé par une addiction à la note. Certains la voit comme une vertu, c'est en réalité un vice qui développe le mauvais compétiteur et freine les mécanismes d'une intelligence collective.


Si vous avalez trop de nourriture sans la mâcher vous vous sentirez mal parce que votre système nerveux digestif vous le signalera. On appelle notre système digestif notre deuxième cerveau parce que c'est la partie du corps qui contient le plus de neurones après le premier cerveau.


Retrouver re-rencontrer

C'est ce qui s'est passé

Avec nos amis récupérés

A l'aéroport au Laos un peu crevés

Quel plaisir cette arrivée

De les voir ainsi prêts à partager

15 jours de visites

Et de vrais transits

Sortir de sa zone de confort

Ça demande un effort

De vrais moments inoubliables

A revisiter les questions fondamentales

Qui approfondissent une amitié c'est indéniable

Prendre le temps de discuter

D'observer tant de curiosités

Et de pouvoir les partager

Ne fait que nous rapprocher


2 mars, aéroport de Vientiane. L'arrivée des Pargeots est vécue comme un sauvetage en haute mer : de la tome du Marais Champs, de la bière du champ du houblon, du clos neuf : rien de tel pour réensemencer le 2nd cerveau. Nos expériences, nos rencontres, notre relation nous embarquent inlassablement sur les fondements de nos deux cerveaux.

Notre relation avec Seb et Estelle relève 2 essentielles : manger et apprendre.

Depuis toujours nous prenons plaisir à échanger sur les lois de la nature : nous sommes faits pour aller bien, manger sainement, apprendre sereinement, partager humainement... Simple ? Mais au combien complexe !

Le croisement de nos métiers respectifs ne se sont jamais fait autant écho...

Entre les agriculteurs industriels et les paysans biologiques

Entre les éducateurs industriels et les transmetteurs d'appétit.


Qu'obtenons nous à intensifier un sol ?

Un appauvrissement de la terre.

Qu'obtenons nous à gaver physiquement des oies ? Du foie gras.

Qu'obtenons nous à intensifier des savoirs ?

Un appauvrissement de la pensée.

Qu'obtenons nous à gaver les élèves ?

Des cerveaux gras.

Des cerveaux conformes, dépendants, étiquetés, conditionnés prêts à travailler et consommer.

Par ailleurs, la façon naturelle qu'à notre système digestif d'absorber la nourriture, c'est le plaisir. Manger n'est une corvée pour personne, ça doit rester un moment agréable.

Pourquoi serait ce différent avec notre premier cerveau qui aime naturellement apprendre ?

Est-ce surprenant qu'autant de personnes finissent écœurés par la connaissance lorsque la notion de plaisir et de partage est mis entre parenthèses ?

Est-ce surprenant qu'autant de personnes finissent écœurés dans la restauration industrielle et collective où la notion de plaisir et de partage est mis entre parenthèses ?



Pourquoi Transmettons-nous ?


5h de bus en compagnie de Juanra

un espagnol de Valencia

Époustouflant de maturité

sur sa vie un peu compliquée

une énergie pimentée

d'un jeune qui ne veut rien rater

des discussions pleine de sincérité

sur l'école et la société

A l'heure de l'intelligence artificielle

notre cognitif risque de devenir superficiel

si nous ne développons pas notre émotionnel

l'humanité se repliera sur elle

créant un monde individuel

sans doute de plus en plus cruel

pour sortir de ce monde virtuel

la transmission d'une intelligence émotionnelle

doit devenir une nécessité institutionnelle

pour un souhait universel


Pourquoi Transmettons nous ?

Pour le BIB: bonheur Intérieur Brut ou le PIB : le produit intérieur brut ?

Oui, tout le monde s'accorde à dire que L'école désirée est celle de l'épanouissement, du bien être, de l'avènement du citoyen adulte libre et responsable capable d'opérer ses propres choix.

En réalité, l'école dans ses fondements de 150 ans est celle de l'utilité économique.

Tout individu épanoui est économiquement utile pour une société mais tout humain économiquement utile n'est pas forcément épanoui.

Nos sociétés sont en faillite de l'épanouissement.

Milieu du Laos, nous rencontrons un couple suisse en tour du monde. Nous échangeons sur diverses sujets, le français plus que l'anglais permet de complexifier les échanges. Secrétaire médicale Mathilde nous raconte ses expériences. Couper du monde du travail, prendre le temps de vivre d'autres projets étaient devenus nécessaire. Elle explique que les proches n'ont pas compris. " mais partir pendant un an c'est de l'argent jeté par les fenêtres, vous auriez pu investir !"

Le projet conforme est donc travailler pour épargner ou pour investir. La Suisse et le Japon (2 pays où les attentes de la société sont hautes) sont les pays où les adultes entre 40 et 50 ans se suicident le plus.

C'est étrange : ils n'ont pourtant pas de problème d'argent.

Chaque décennie plus de 275 000 personnes se suicident au Japon, ce qui représente une ville comme Nantes.

En Chine tous les 10 ans, près de 3 000 000 de personnes se donnent la mort, l'équivalent de la capitale française.

En France, C'est 9 000 personnes qui se suicident chaque année. 15 pour 100 000 habitants : c’est le taux de suicide en France en 2014, d’après un rapport de l’Observatoire national du suicide (ONS), publié lundi 5 février dernier. C’est aussi l’un des taux les plus importants dans toute l’Europe, devant les pays de l’Est.

On peut donc avoir un fort PIB et un faible BIB!

On se suicide lorsqu'on est convaincu d'être inadapté à la société, lorsque trouver sa place est devenu un obstacle insurmontable.

Dans les sociétés primitives, malgré le caractère anthropophage, tout humain était considéré adéquat.

En créant des schémas, des boîtes, les sociétés ont créé l'inadéquat.


Nous aimons forcer la réalité à se conformer à nos mesures (lois, décrets, institutions...) plutôt qu'étendre nos mesures à la réalité. Nous avons créé une grande diversité de boîtes : mentales, culturelles, physiques dans lesquelles nous avons pris l'habitude de nous y enfermer. Cet enfermement vient conditionner nos vies, et nous nous définissons que par la boîte où nous nous sommes rangés.

Notre cerveau, notre esprit sont soumis à une succession d'enfermement que nous finissons par intégrer à nos schémas de pensée. Car penser dans un schéma est plus rapide que de penser sans.

En échangeant avec Seb et Estelle on comprend que le schéma est à la pensée ce que l'industrie est à l'agriculture : un outil, mais aussi une limitation, une standardisation, un conditionnement et un appauvrissement pire un éloignement des principes de la nature.

Au milieu du XIX ème siècle une gigantesque famine a frappé l'Irlande. Quasiment toutes les pommes de terre du pays étaient alors issues d'un clonage. Lorsque le mildiou les a attaquées l'absence de diversité à rayé la production de la carte, plongeant le pays dans la crise la plus tragique de son histoire.


Si l'appauvrissement de la biodiversité peut nous ruiner en très peu temps, l'appauvrissement de la diversité mentale en serait il de même pour l'humanité ?

Notre éducation ne serait-elle pas à notre cerveau ce que l'agriculture industrielle et son intensification est à la terre ?


Le grand industriel Bill Gates, qui n'a pas échappé à la vie notée (et dans notre société la fortune est la note la plus respectée) avouait un jour : "j'ai échoué à mes examens. J'ai un ami, par contre qui a réussi tous ses examens à Harward. Lui, il est ingénieur chez Microsoft. Moi j'en suis le fondateur."

L'échec est un diplôme.

Avec Thao, en lisant des documents relatifs au géographe sur la définition de migrant, par hasard , nous tombons sur l'histoire de Steve Jobs. Nous prenons conscience de la biographie de ce syrien parti de son pays pour les États Unis. Il créa quelques années plus tard la marque à la pomme....et voici ce qu'il dit : "Quand vous grandissez, vous avez tendance à prendre le monde comme il est, et à vous dire que votre vie est comme ça, dans le monde. Il ne faut pas trop se cogner contre les murs, avoir une famille sympa, épargner un peu d'argent...Ça C'est une vie très limitée. La vie peut être bien plus vaste une fois que vous découvrez un fait très simple : tout ce qui vous entoure et que vous appelez la vie a été fabriqué par des gens qui ne sont pas plus intelligents que vous, et que vous pouvez le changer, vous pouvez l'influencer, vous pouvez construire vos propres objets que d'autres personnes utiliseront. Une fois que vous apprenez ça, votre vie ne sera plus jamais la même."

En 2006, dans son célèbre discours " comment vivre avant de mourir ?" Jobs insiste sur l'importance de la sensibilité et l'intuition :

"Votre temps est limité alors ne le gâché pas à vivre la vie de quelqu'un d'autre. Ne vous laissez pas piéger par les dogmes car C'est vivre dans le résultat et la pensée de l'autre. Ne laisser pas le bruit des opinions des autres noyer votre voix intérieure. Et le plus important ayez le courage de suivre votre coeur et vos intuitions. Ils savent d'une certaine façon qui vous voulez vraiment devenir. Le reste est secondaire."


L'école moderne ne prend pas assez en compte cette sensibilité et cette intuition. Dans la vie notée, il faut se conformer au moule. Il faut rester à sa place afin de rester notable, évaluable. La notion de place est centrale sacralisée par une image stéréotypée de la réussite. Quelqu'un que tout le monde reconnaîtra affirmait que si l'on n'avait pas une certaine montre à 50 ans on avait raté sa vie.

Pourquoi transmettre une intelligence sensible ? Pour ne plus entendre cela au sommet de L'Etat et espérer un peu plus de sagesse de la part de celles et ceux qui nous gouvernent...

Le dessinateur Boulet répondait dans une caricature le lendemain :" si vous rêvez encore de cette montre à 50 ans, peut être que c'est vous qui avez raté votre vie."


Être à 4 tout le temps 

C'est merveilleux mais fatigant 

Une expérience incroyable 

Qui nous demande d'être adaptable 

Comprendre et dépasser nos émotions 

Le voyage permet ces remises en questions

Prendre de la distance avec nos peurs

pour éviter de ne rentrer que dans des douleurs

Comprendre qu'il n'y a pas de hasard 

Si tu veux que ton corps soit penard 

Éviter de ressentir 

N'empêche pas le pire

Comprendre nos sentiments 

Nous évite d'être souffrant 

Mais pour ça il faut être à l'écoute

De tout ce qui se met sur notre route

Voyager au sein de notre intériorité 

Pour atteindre toujours plus de liberté

Apprendre avec de l'appétit,

notre cerveau l'a bien compris.

Cuisiner, goûter, expérimenter, se tromper, partager, avec envie

Mettre du beurre dans les épinards, quel plaisir, ça n'a pas prix



La cerise sur le gâteau : Du beurre dans les épinards.


11 mars, nous quittons la famille Pargeots et retrouvons quelques jours plus tard Marion et mamie à Bangkok pour une petite virée dans le sud de la Thaïlande. Un petit peu de vacances dans le voyage ça fait du bien aussi...

Des vacances dans le voyage c'est :

- Se poser et moins se déplacer. Dormir plusieurs nuits au même endroit

- Ne pas anticiper les jours où les semaines qui suivent : transport, hébergements, visa...

- Partager des super moments avec les copains et la famille...

- Moins regarder les dépenses qui sortent du porte monnaie...

C'est ça mettre du beurre dans les épinards de son voyage...


Et si on mettait un peu beurre salé au coeur de L'école. Si notre cerveau a développé le plaisir et fonctionne avec lui ce n'est pas un hasard. Dans L'école actuelle les professeurs souffrent autant que les élèves. Dans une Ecole saine les professeurs prennent du plaisir parce qu'ils sont "les chefs étoilés" de la connaissance. Les élèves se régalent car ils apprennent à cuisiner.

Cela fait quelques lignes que nous dressons un tableau noir de notre école, essayons de rêver un peu et de dresser une table de Transmission un peu plus appétissante.

Après 8 mois de voyage, les rencontres, les échanges, la prise de recul sur notre système, sur nos boîtes ne constituent pas des freins au retour à la vie professionnelle...

Au contraire, nous avons à coeur, à notre niveau de poursuivre à faire ce que l'on aime, promouvoir l'épanouissement, avec les principes sensibles de la Transmission. Notamment à travers l'art, activateur de roue libre, stabilisateur de roue entraînante.

L'écriture en voyage a cette vertu de la mise à distance avec un pouvoir de libération.

Dans l'écriture, les mots restent, la forme fige la langue, mais le fond est en mouvement, le sens oscille, varie, s'adapte en fonction du temps et de nos pensées. 

Et comme le dit si bien papy Yves, une fois couché sur le papier les mots n'appartiennent plus à leurs auteurs...


Comment désindustrialiser notre chère école pour lui redonner un visage plus humain ?

Comment prendre soin d'elle pour qu'elle puisse prendre soin à son tour ?

Comment recréer un espace temps où professeurs et élèves pourraient se retrouver pour cuisiner des savoirs avec appétit ?

Quel serait l'Ecole aujourd'hui si elle réintégrait dans ses fondements, les principes humanistes du siècle des Lumières ?


Quel serait cet espace/temps oú professeurs et élèves bénéficieraient :

- d'un éveil personnel axé sur le sensible.

- d'acquisitions de savoirs axées sur les lois de la nature.

- de transmissions de savoirs pour s'orienter plus que de se perdre en s'inscrivant dans un collectif.


Depuis quelques années, plusieurs réformes semblent aller dans ce sens : l'autonomie des établissement, allègement de certains programmes, mise en place de parcours personnalisés, une réforme du lycée amorcée...

Néanmoins, cela semble vécu comme des réformes de plus, où professeurs, parents et élèves ne parviennent plus à digérer la première loi qu'ils doivent en ingérer une nouvelle. Le quinquennat donne le tempo d'une réforme tous les 5 ans, alors qu'il faut une dizaine d'années pour que le système en digère une.

L'école est un sujet sensible où les points de vu divergent car on pose toujours la question : "comment Transmettre ?" (4 jours où 4 jours 1/2, tel ou tel programme, note ou pas note, maintien ou pas maintien, lecture syllabique ou lecture globale...) et on ne pose jamais la question : "pourquoi Transmettre ?"

En Finlande la secrétaire d’Etat au ministère de l‘Education et de la culture explique que le pays est d'accord sur le projet de fond de l'école : épanouissement, orientation et vie professionnelle : "Ainsi, l’école n’est pas un sujet de clivage chez nous mais de rassemblement " .

En France, le projet de fond n'est pas questionné, l'école est un sujet clivant qui ne rassemble pas.

Et de cela...les professeurs en souffrent.


Les professeurs

En France, on a longtemps appelé les écoles de professeurs : " les écoles normales" afin de standardiser, normaliser tout ce petit monde afin de former des fonctionnaires prêts à fonctionner. Pour accéder au plaisir d'innover, les professeurs doivent retrouver de l'autonomie, de la formation professionnelle pour redevenir des enseignants chercheurs et non des applicateurs de programmes. On doit éviter l'écueil suivant :

Côté professeur : j'ai consacré du temps et le l'énergie à préparer ce cours et à le transmettre : tu vas consacrer du temps et de l'énergie à l'apprendre.

Côté élève : je suis obligé d'être là à vous écouter : ça ne va pas être facile pour vous de donner cours.

Pour sortir de ces écueils, il faut permettre aux professeurs d'être de véritables cuisiniers des savoirs. Leur permettre d'inventer des nouvelles recettes. D'être des créateurs de liens pour réussir leur mayonnaise.

Pour sortir de ces écueils il faut permettre aux élèves un nouveau captage d'attention.


L'attention

A l'heure de la mondialisation, de l'hyper connexion, de l'internet sans modération, de l'écran ennemi de l'attention...l'Ecole souffre d'une crise majeure dans la captation de l'attention de ses élèves.

L'institution peut capter leur temps car l'école est obligatoire, mais aucune loi ne pourra garantir la captation de leur attention.

L'Ecole tend à stigmatiser les élèves peu attentifs. Or, l'école est bien un restaurant de savoirs qui doit donner aux enfants l'envie de vivre pour manger et pas seulement de manger pour vivre.

On évoquait la fuite du temps mise en tension avec l'augmentation de la connaissance dans un article précédent. L'Ecole manque de temps : car la connaissance mondiale croît bien plus vite qu'un individu ne peut l'acquérir.

2 solutions :

-Faire du lien et sortir de la classification des savoirs par matières. L'encyclopédie est devenue indigeste.

-Apprendre en groupe plutôt qu'individuellement. Valoriser le travail en groupe plus que le travail individuel.


Le lien

Dans notre école industrielle, la pédagogie est l'art de la répétition ou du "rabachage"... plus que l'art de faire du lien.

Le cerveau est un organe complexe encore largement inexploré. Néanmoins, les recherches ont démontré sa capacité à faire des liens au delà de l'aspect répété de l'enseignement. Le cerveau pense en arborescence. Avec l'accroissement des connaissances, le saucissonage du savoir en matières ne permet plus le transfert des apprentissages.

L'entrée par questionnement, par thèmes, par compétences permet plus aisément la pédagogie du lien.

De notre côté, nous pensons que l'art est un formidable créateur de liens car ils convoquent les sens, les émotions, les sentiments tout en portant au devant de la scène des savoirs, des savoir faire et des savoirs être à partager.

Car il ne faut pas se tromper : on est fait pour vivre en groupe.


Le groupe

Le voyage nous fait prendre conscience de l'importance du groupe dans l'apprentissage.

Thao et Mila sont impatients de retrouver le chemin de l'école pour cette raison.

De notre côté, on réalise que tout savoir construit n'a de sens que si il est partagé, communiqué, transmis.

Comme le disait si bien Albert Jacquard : "C'est ensemble que l'on est plus fort"

L'histoire de l'humanité l'atteste, des premières civilisations Incas, aux temples Khmers en passant par la muraille de Chine, ou le débarquement en Normandie... tout ce qui a changé le cours des choses et marqué son temps fut une oeuvre collective.

La difficulté de l'école : c'est de faire le deuil de la réussite individuelle. A l'école, le travail de groupe n'est pas valorisé, dans la vraie vie travailler en groupe c'est une nécessité. A l'école, tous les examens sont axés sur la performance individuelle.

Comment s'étonner qu'une Humanité nourrie à ces principes soit incapable de coopérer mondialement aussi bien pour préserver la Terre que pour se préserver elle même ?

Finalement, comment savoir si l'Ecole sur une grande partie du globe fait plus de bien que de mal à notre Humanité ?


Depuis plusieurs années on se demande comment créer une roue capable d'avancer librement en effectuant ses propres choix : intuitifs, sensibles, répondant aux exigences du collectif.

Comment sortir du foie gras en questionnant le lard dans nos assiettes ?

Comment sortir du cerveau gras en questionnant notamment l'art dans nos écoles ?


En quoi la gastronomie Finlandaise à des raisons de croire en sa Transmission ?


La gastronomie Finlandaise :


Rien de plus banal

Que de faire confiance à l'Education Nationale

C'est la première question qu'on nous a posé

Comment vos enfants seront scolarisés

Sortir du système scolaire

On nous a regardé d'un drôle d'air

Malgré tout une grande liberté

On nous laisse essayer

On mesure cette chance

Peu de pays ont cette aisance

À titre individuel

Il y a une confiance institutionnelle

Pour le collectif

C'est plus dur d'être constructif

Aucun risque n'est pris

Aucun réel changement

Le système s'appauvrit

Augmentant la lassitude des enseignants

Notre pays reste conservateur

Car trop changer fait peur

Suivre l'exemple des pays du nord

Ne pas essayer serait un tord

Dès la petite enfance

Leurs cours sont en bi-SÉQUENCES

En langue natale et en Anglais

Ça prépare les cerveaux à l'altérité

Ça facilite l'envie de se déplacer

Dans une vie mondialisée

Développer son parcours personnel

Après l'âge de la majorité

Leur permettre de prendre leurs ailes

De chercher à se questionner

Avant une vie professionnelle

L'art, la culture au coeur de l'éducation

Pour donner de l'appétit à la Transmission

C'est ce que nous retenons de la leçon

Donnée par Elma et Viola en chanson....


Durant le voyage nous rencontrons des étudiantes Danoises. Elma et Viola expliquent qu'après leurs études fondamentales (6/16 ans), l'institution les pousse à voyager, prendre le temps d'élaborer leurs projets. Un autre rapport espace/temps axé sur l'épanouissement est proposé.

Kevin et Rebecca du Nouveau Brunswick au Québec précisent que leur école est fortement décentralisée. La formation des enseignants chercheurs est valorisée, le métier aussi. Des professeurs heureux font des élèves heureux. L'Ecole fait consensus.


Ce n’est pas un secret, les pays nordiques occupent la tête du peloton en matière d’éducation. Aujourd’hui, la Finlande se lance dans une restructuration profonde de son système éducatif et pourrait bien devenir le premier pays au monde à supprimer les matières scolaires.

En matière d’enseignement, comme le confirme le dernier classement PISA publié en 2016 par l’OCDE, l’Estonie, le Danemark, la Finlande ou encore le Canada restent des exemples à suivre.

Prenant conscience que les systèmes éducatifs classiques ne sont plus adaptés, ces pays se tournent vers des techniques propres à l’épanouissement personnalisé de chaque élève. Le principe est que chaque individu a son propre potentiel, qui sera exploité seulement si on lui donne un environnement approprié, respectant sa personnalité, ses intérêts et son rythme, ses envies, son appétit. Ainsi, ces systèmes éducatifs ont en commun la valorisation et l’ajustement des trois structures : famille, école et ressources socioculturelles (artistiques, culturelles). Ils ne mettent pas le seul « savoir » au cœur de l’éducation et valorisent les activités artistiques et physiques.

On soulignera l'exemple Finlandais ou le ministère de l'Education et de la Culture ne font qu'un. Magnifique lien.


5ème (sur 70) du classement, la Finlande représente un exemple en termes de gastronomie des savoirs. Le système se base sur un apprentissage axé sur le plaisir et souhaite que ses enseignants soient des "des chefs étoilés" de la Transmission afin de motiver et tirer vers le haut les élèves en stimulant les appétits. Une nouvelle mise en orbite ? Ainsi, les notes sont inexistantes, les emplois du temps sont près d’un quart moins chargés qu’en France, et les élèves obtiennent des accompagnements personnalisés par des enseignants spécialisés en cas de « décrochage ».

Enfin, et ce n'est pas rien, les professeurs, très valorisés socialement, travaillent en collaboration et jouissent d’une liberté afin d’adapter leurs cours, selon leur sujet et leur classe.


La réforme que souhaite mettre en place la Finlande est une approche encore plus collaborative et transversale que celle actuelle.

Comme on le disait plus haut, le pays souhaite mettre fin au traditionnel « enseignement par matière » afin de se tourner vers « l’enseignement par sujet ». Pour le directeur du projet, Pasi Silander : « Il est nécessaire de faire des changements dans l’éducation, qui soit utiles à l’industrie et à la société moderne tout en préparant les étudiants à la vie professionnelle ».


Pour le système éducatif, cela signifie la fin des éternelles « matières classiques » : maths ou littérature. Les cours seront portés autour d’un sujet et pourront traiter l’ensemble des domaines auxquels il touche. Chaque sujet sera alors choisi pour sa pertinence et non plus car il correspond à un « programme » ou une « matière » obligatoire. Le ministre précise que cela permettra de ne plus inclure de cours « superflus » au planning, tout en donnant les clés nécessaires aux élèves afin de travailler sur des cas concrets et pratiques dans une dynamique de groupe.

La réforme est, pour le moment, testée dans certaines écoles d’Helsinki, la capitale du pays, mais les résultats des étudiants semblent encourageants. De l'audace pour un système déjà reconnu comme l’un des plus performants du monde ! Environ 3/4 des enseignants des écoles secondaires de la capitale ont été formés à cette nouvelle façon d’enseigner et la réforme devrait s’étendre à l’ensemble du pays d’ici 2020.


Avec 5,5 millions d’habitants (certes 13 fois moins qu'en France), la Finlande fait donc de l’éducation une fierté nationale. « Chaque Finlandais a conscience que l’éducation est un élément-clé de notre indépendance. Ainsi, l’école n’est pas un sujet de clivage chez nous mais de rassemblement » explique la secrétaire d’Etat au ministère de l‘Education et de la culture.

Avec 67 millions d'habitants, la France veut faire de sa cuisine une fierté nationale en portant au patrimoine immatériel mondial de l'UNESCO ses repas gastronomiques....

A quand une Ecole française bienveillante, exigeante, créative, originale redonnant le plaisir de manger des savoirs avec appétit...?


"Car...quand l'appétit va...tout va..."



Larouelibre

Avril 2018